Mélinda Sala

On ne peut pas danser si on n'aime pas le chant

C'est à l'issue de son spectacle à l'Odéon que la danseuse nîmoise Mélinda Sala nous a accordé l'entretien ci-dessous.


Mélinda, qu'est-ce que ça fait d'avoir été la seule française programmée au Festival Flamenco de Nîmes cette année ?

Cela a été un grand poids et un grand honneur à la fois, et j'espère que j'ai bien défendu la France.

Tu es nîmoise, que penses-tu du festival en général ?

Je pense que c'est très bien car chaque année on voit de plus en plus de monde, de personnes qui viennent d'Espagne, de gens différents aussi, et ça c'est très très bien.

Comment es-tu venue au flamenco ?

J'étais toute petite quand mon grand-père m'a amenée à la Féria au Centre Culturel Andalou. Et là j'ai découvert le flamenco. Enfin, "j'ai découvert" c'est un bien grand mot car on ne le découvre pas en une soirée, on voit le haut de l'iceberg. On en prend plein la figure mais on découvre petit à petit. Ca fait 23 ans que je danse et j'en découvre un petit peu plus tous les jours. C'est ce qui fait que c'est aussi riche.

A Nîmes tu avais gagné un concours aussi ?

Oui, à l'époque il y avait un concours, c'est dommage qu'il ne se fasse plus. J'avais gagné le concours "Jeunes danseurs" pour les moins de 18 ans car j'avais 15 ans à l'époque. Après ce concours avec les autres lauréats nous avons fait beaucoup de scènes nationales. Donc c'est ce qui m'a mis le pied à l'étrier pour connaître autre chose, et notamment des scènes de qualité.

Quel type de baile préfères-tu ?

Comme tu as vu je suis plus puriste qu'avant-gardiste. Mais je suis très contente aussi qu'il y ait des avant-gardistes car il faut bien que les choses bougent et se contrastent aussi, il en faut pour tous les goûts. Moi c'est vrai que je ne peux être qu'admirative devant Los Farrucos, Juana Amaya... qui sont mes idoles dans la danse.

Tu apprécies aussi le cante, non ? car on voit que tu t'entoures de bons chanteurs...

On ne peut pas danser si on n'aime pas le chant. Parce que c'est lui qui nous porte. Le même spectacle avec d'autres chanteurs ce n'est plus la même chose. Ce sont eux qui me donnent de l'énergie, ce sont eux qui vont me faire chercher la profondeur. Si eux ne sortent pas quelque chose de leurs tripes pour moi c'est très difficile de sortir quelque chose des miennes, et c'est pareil pour les chanteurs et pour la guitare, et pour le reste des musiciens. C'est la musique qui nous porte. Donc forcément j'appelle des gens pour m'accompagner que j'aime beaucoup artistiquement.

Pratiques-tu d'autres danses ?

Non, pratiquer serait un grand mot. Je fais des stages de salsa, un peu de danse de salon, j'ai essayé de faire un peu de contemporain pour m'ouvrir... mais le plaisir que je prends dans cela est tellement moindre que celui que je prends quand je danse du flamenco... Et pourtant je devrais me faire violence car cela apporte beaucoup : tout ce qui est danse, tout ce qui est maintien, tout ce qui est maîtrise du corps peut être évidemment intégré au flamenco.

Tu continues aussi à te former en Espagne ?

Oui, alors je ne pars pas aussi souvent que je voudrais car j'ai un grand calendrier de dates donc ce n'est pas évident de couper mes tournées pour partir en Espagne. Cependant cette année j'ai pu aller suivre un stage avec Pastora Galvan et Rosario Toledo qui sont des danseuses fantastiques, qui sont très loin de mon style, mais justement, je vais chercher quelque chose que je n'ai pas encore développé.

J'ai lu que tu avais quitté la Compagnie Luis de la Carrasca...

J'ai travaillé onze ans avec eux. J'ai passé onze années fantastiques. Plein de bonnes choses avec chaque année de nouveaux spectacles qu'on présentait au Festival d'Avignon. Et maintenant à 31 ans j'ai eu envie de passer à autre chose, d'être peut-être plus libre au niveau artistique, et faire d'autres choses par moi-même. Voilà. Mais j'en garde un excellent souvenir et j'ai appris évidemment beaucoup de choses : sur 100 dates on faisait 95% de théâtres, donc j'ai eu la chance de travailler dans de très bonnes conditions, c'était très enrichissant. On avait la possibilité de s'exprimer par des créations lumière... il y a eu plein de choses qui ont fait que j'ai appris chaque année un peu plus le métier avec eux.

Et maintenant quels sont tes projets alors ?

J'en ai plusieurs, mais ce n'est pas encore bien défini. Je me retrouve un peu comme un électron libre donc forcément je suis appelée à droite et à gauche puisque je n'appartiens plus à une seule compagnie mais à plusieurs. Je dirais que je compte encore une fois sur mon inspiration à l'instant t pour me donner des ailes et pour arriver à mener à bien les projets que je veux entreprendre.


Flamenco Culture, le 21/01/2011

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