Farruquito

Sonerías

Teatro de la Maestranza - 20h30

Sirènes de navires, mouettes et écho de la mer pour laisser place à un café havanais, El Sonerías. Avec son orchestre cubain faisant s'enchaîner les boléros, son bar semi-éclairé, les lampes et les ventilateurs qui pendent du plafond et les tables vides. C'est depuis le public que, valises et guitares à la main, arrive un groupe de gitans andalous.

Avec pour point de départ la propre expérience de Farruquito dans sa dernière tournée, les ingrédients sont visibles. Le résultat des différentes combinaisons se solde avec plus ou moins de fortune en un exercice de fusion qui éloigne le bailaor sévillan d'un image scénique liée à l'orthodoxie.

Por soleá, Farruquito sème des pincées de baile qu'il garde dans ses talons et dans l'explosion du poing. Un baile avec ces dispersions pleines de qualités physiques, rematant au bon moment, équilibré, mais bref.

Si quelque chose joue contre sa nouvelle proposition personnelle, c'est qu'il a été tellement encensé, qu'on le connaît plus de mémoire, on garde ses bailes en souvenir, et hier à la Havane il fut trop bref dans l'unique baile qu'il proposa seul.

L'alerte rouge fut donnée avec la guajira qui provoqua un véritable chaos. Virages insolites jusqu'à la musique la plus inécoutable, collisions dans le groupe de bailaoras, allées et venues au bar qui accentuent la déconnexion entre les interprètes du désastre, et une différence de niveau excessive entre la proposition musicale et celle dansée. Farruquito, guitare à la main, formula ensuite une série de chansons légères avec certaines caractéristiques cubaines au niveau du rythme.

Le taranto fut le sommet de la catastrophe. Une sortie explosive et des letras désertées par le baile. Les changements musicaux ne fonctionnèrent à aucun moment, ce qui ajouté à la mauvaise qualité sonore de tout le spectacle eut pour effet un enchevêtrement démesuré. Deux adeptes à côté de moi commentent "Esto suena a los chunguitos, primo".

Les sevillanas flamencas vinrent réduire légèrement le désordre. Farruquito exécuta chaque letra avec une bailaora et un élement différent. La première avec mantón, la seconde avec bâton, la troisième avec bata de cola et la quatrième avec castagnettes. La clôture cependant, avec le corps de baile au complet sur scène, confirma une image de comédie musicale flamenca que le spectacle avait en lui depuis le début.

Pour finir une proposition de canción por rumbas-tangos, avec la saine intention de fusionner les deux styles, mais plus proche d'une chanson conçue pour la radio, au cours de laquelle le public se mit à faire les palmas. La conclusion, bizarrement, réussit à distraire l'inconditionnel.

Après les applaudissements, une fin de fiesta por bulerías, dans laquelle le bailaor s'aventura à chanter une letra, loin des micros, et la compagnie se retira en défilant par le public comme elle était arrivée.

Dénigrer la valeur de Farruquito en tant que bailaor serait idiot, nous sommes face à l'un des danseurs les plus brillants de notre temps. Peut-être celui qui suscite le plus de passions et parmi le peu de personnes dans l'actualité qui ont créé une tendance tant dans le baile comme en dehors. Son travail de musicien, chaque aficionado doit le juger selon ses critères, tous les goûts sont dans la nature.

Mais ni dans "Puro" ni dans ce "Sonerías" Farruquito n'a répondu aux attentes qu'en lui on avait placées en lui en tant que responsable de la proposition qu'il amenait sur scène.

"Sonerías" manque d'une partition musicale cohérente, a la surinterprétation pour ennemi interne et souffre d'une durée insuffisante de baile de la part de son protagoniste principal.

Qui veut voir danser Farruquito ne sera pas comblé avec ce spectacle. Farruquito bailaor oui. Farruquito directeur, pour le moment non.

A 23h au Teatro Alameda la cantaora d'Almeria Rocio Segura, Lampara Minera en 2000, présentait "Aires de Levante".


Javier Prieto, le 21/09/2010

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Equipe artistique

Baile: Farruquito
Cante: Pedro Heredia "El Granaíno", Antonio Zuñiga, Mara Rey, Fabiola Pérez
Toque: Román Vicenti, Antonio Rey
Corps de baile: Irene Bazzini "La Sentío", Salomé Ramirez, Gema Moneo, Saray Cortés
Percussion flamenca: Isidro Suarez
Percussion cubaine: Antonio Moreno "Pollito"
Basse et tres cubain: Alain Pérez
Piano: Jaime Calabuig "Jumitus"
Chant cubain: Moncho, India Martínez


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