Voces

Les voix de Sara Baras

Sara Baras

© Sébastien Zambon / Festival Arte Flamenco

C'est Sara Baras et son panthéon personnel qui ont ouvert le festival, inondant l'Espace François Mitterrand du spectacle « Voces » dont un des mérites essentiels est de nous faire entendre les voix des grands disparus sous forme de confessions ou de professions de foi souvent émouvantes. Morente, Camaron, Moraito, Gades, Paco auxquels s'ajoute un hommage à Carmen Amaya. Arte Flamenco avait eu la bonne idée de traduire et de présenter les textes dans un programme qui a permis de reconstituer les extraits, les applaudissements couvrant bien souvent les voix et la clarté de la sonorisation ne permettant pas toujours la compréhension de la bande son.

Pour le reste, après avoir vu la première à Jerez, j'avais déjà émis sur cette page les réserves que m'inspiraient l'aspect ostentatoire de la danse dépourvue de modestie de la « diva » du flamenco, l'excès de mélo-dramatisme, et l’état de faire valoir dans lequel était réduit le corps de ballet. Cependant la deuxième lecture a eu le mérite de mettre en lumière les points positifs de ce spectacle portés par d'autres « voces », celle de Rubio de Pruna, parfait dans le romance del Negro del Puerto et qui signe beaucoup de textes originaux, mais surtout celle du jeune et étonnant Israel Fernandez dont le chant est le point d'orgue de la première partie de la, jusque là, sublime farruca. Après ce moment de grâce, couronnant le braceo du silence et la quintessence de l'élégance de Sara, point n'était nécessaire de rajouter vingt minutes de plus de danse et deux saluts intermédiaires. Israel sait être camaronero dans son temple por taranta, délicat dans la farruca et prodigieusement puissant dans les bulerias. La guitare de Keko Baldomero emporte la palme et José Serrano partenaire à la scène comme à la ville de la belle de Cadix donne une danse assez personnelle et, bien que jouant lui aussi dans la catégorie des egos surdimensionnés, plutôt agréable.

Bien sûr le public était debout pour une (plusieurs) longue(s) ovation(s) et la star à genoux pour un salut abyssal renouvelé à l'envi, bien sûr il faut satisfaire un public non averti friand de taconeos torrentiels et de « revuelo » de robes vaporeuses, bien sûr, bien sûr ... mais qu'une fois par an alors !


Dolorès Triviño, le 04/07/2016

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