Tres

Les trois rencontres de Belén Maya

Le spectacle de Belén Maya était incontestablement le « Temps fort Flamenco » de ce festival le 27 mai 2011 au Théatre de Chaillot. Flamenco culture nous avait déjà offert par deux fois ses impressions sur cet excellent spectacle par les plumes de Murielle Timsit et Carlos Sánchez.

Les quatre interprètes se complètent magnifiquement sur scène. Rafael Rodriguez à la guitare, Jesus Mendez au chant et Felipe Mato aux palmas convergent pour porter la danse de Belén Maya à des sommets ; du grand art ! Chacun des accompagnateurs trouve l’espace pour montrer son talent en harmonie avec la danse ; un équilibre parfait ! Une belle rencontre !

Belén Maya a contribué à ouvrir la danse flamenca à d’autres influences, il y a longtemps déjà. Son art, dont elle a su préserver à travers le temps la qualité chorégraphique, n’est en rien démodé. Sa danse représente ce « pont » entre la tradition flamenca et une danse actuelle qui tire toujours plus vers l’innovation. Une rencontre permanente !

Dans sa danse, parler d’influences contemporaines ou classiques serait assez réducteur car on y trouve une proximité avec d’autres danses traditionnelles du monde. L’empreinte de l’orient ou de l’Inde est marquée. Les spectateurs ont aussi présent à l’esprit ses lignes géométriques qui donnent parfois l’impression d’une danse dans deux dimensions. Le dessin est au cœur de ses chorégraphies. Ce que recherche Belén Maya avant tout, c’est à faire sentir le sens de chacun des mouvements du flamenco et celui qu’elle veut leur donner. Un dessin qui semble parfois impossible et qui pourtant nous parle. Une rencontre dans les trois dimensions de l’espace qui invite le spectateur !

C’est elle même qui exprime le mieux les difficultés de la recherche chorégraphique dans le Flamenco et de cette rencontre entre ce qu’elle veut exprimer, son art et son public : « D’un point de vue chorégraphique, le Flamenco offre une série de mouvements très marqués pour exprimer des sentiments comme la joie ou la tristesse. Ce code est précisément ce qui limite le plus les danseurs, puisqu’ils doivent le respecter pour que leurs danses puissent être identifiées avec un style concret (soleá, seguiriya, bulerías...). Quand tu veux t’affranchir de ce code, tu dois relever un double défi : d’un côté, il faut que le public identifie tes nouveaux mouvements avec les sentiments que tu veux transmettre; et d’un autre côté, que ces mouvements soient acceptés comme « Flamenco ». Si tel n’est pas le cas alors tu courres le risque de te confronter au jugement “ceci n’est pas du Flamenco”, un verdict tranchant qui est rendu suivant des critères techniques, mais qui s’exprime à bien d’autres niveau” (entretien avec José Luis Ortiz Nuevo - Universidad Internacional de Andalucía - juin 2009).

Ce spectacle de Belén Maya avec ses accompagnateurs d’exception était le rendez-vous à ne pas manquer, une invitation à la rencontre.

Ndlr : il faut souligner encore une fois la performance exceptionnelle de Jesus Mendez au cante, dont l'arte est magnifié par la guitare de Rafael Rodriguez.

Philippe Dedryver, le 27/05/2011

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