Attention à ne pas s'y méprendre, le nouvel album de Santiago Lara sorti vendredi dernier et dédié au guitariste de jazz américain Pat Metheny n'est pas un disque de flamenco. C'est ce que le guitariste jerezano avait tenu à préciser la veille de son concert à la Sala Paul lors de la conférence de presse. Les aficionados qui n'étaient pas au courant ont pu être surpris d'assister à un concert de jazz dans la programmation du Festival de Jerez, le seul lien avec le flamenco se trouvant dans la guitare flamenca, les rythmes de quelques morceaux et le cante et baile des artistes invités, Rocio Marquez et Mercedes Ruiz, mais aussi dans l'influence qu'a eu Pat Metheny sur les guitaristes de flamenco.
C'est donc hier soir à 19h à la Sala Paul que Santiago, entouré d'une équipe de fins musiciens, a présenté pour la première fois son nouveau travail discographique, heureux que cela se fasse à Jerez. La technique de la guitare flamenca n'est pas forcément adaptée au jazz, mais le guitariste a réussi avec ses propres moyens - notamment en ayant recours aux picados et à une vitesse d'éxécution phénoménale - à adapter la musique de Pat Metheny, y intégrant des rythmes flamenco, par exemple Antonia por buleria, et Questions and answers au rythme de solea por buleria.
L'intervention de Rocio Marquez, à la place d'Estrella Morente qui y interprète une letra d'Enrique, est très applaudie. Si Santiago a choisi Estrella pour participer au disque ce n'est d'ailleurs peut-être pas un hasard, car Enrique Morente en son temps collabora aussi avec Pat Metheny comme on le voit dans le documentaire "Morente sueña la Alhambra". Quant à Mercedes, elle a retrouvé un baile beaucoup plus mobile et offre un beau moment.
Le très bon son de la Sala Paul ce soir là a particulièrement bien mis en valeur la musique swingante interprétée par les artistes, qui en a fait se balancer plus d'un sur sa chaise durant le concert.