Ceci est un billet d'humeur.
Cependant.
Par respect pour le deuil qui vient de frapper El Pipa deux jours avant la première, en la personne de celle qui inspira le spectacle, Francisca Gallardo, je ne m'étendrai pas sur les aspects négatifs qui m'ont presque fait regretter d'avoir assisté à ce spectacle, plus conforme aux critères des tablaos de la Costa Brava qu'à l'exigence de qualité du Festival de Jerez. L'enfant du pays était cependant programmé au Villamarta, il faut dire que les (trop) belles batas de cola des huit demoiselles du corps de ballet exigeaient un minimum d'espace.
C'est donc la seule présence d'Esperanza Fernandez qui m'a maintenue assise dans ma butaca pendant une heure et demie. La promesse de son interprétation si poignante de ce qui est officiellement l’hymne de la nation Rom « Gelem Gelem » accompagnée par le piano de Dorantes m'a beaucoup aidée. Je ne pardonnerai jamais à El Pipa de l'avoir chorégraphié de manière si redondante. La plainte de ce chant chargée de la souffrance séculaire des gitans et magnifiée par la voix d'Esperanza ne méritait pas le pathos de gala de fin d'année qui lui a été infligé.
Que les inconditionnelles du bel Antonio me pardonnent, j'ai déchiré hier soir ma carte de groupie, si peu écornée après presque trente ans dans mon portefeuille. Peut être mon objectivité a-t-elle été faussée par l'éblouissement du spectacle del Choro juste avant, si bouleversant de simplicité, d'humilité et de profondeur. Tan flamenco, tan gitano. Mais ce sont les aléas d'un Festival et c'est ce qui en fait son charme. Hier soir le panel était large, tout le monde y aura donc trouvé son bonheur, il suffisait de faire le bon choix.