Un an après Miguel Ortega, c'est un autre cantaor de Los Palacios y Villafranca, José Angel Carmona, qui était programmé à l'Institut Emmanuel d'Alzon pour un concert acoustique. Déjà vu à Nîmes aux côtés de Rocio Molina et Andrés Marin, le cantaor avait fait forte impression la veille de son récital dans le spectacle "Touché" de Patricia Guerrero. Il faut dire que José Angel est issu d'une famille de grande tradition flamenca. Il est le fils du cantaor Juan Carmona "Juanito El Distinguido" et le petit-fils du maestro de la guitare Manolo Carmona, qui a accompagné à l'époque de grandes figures du cante comme Antonio Mairena, Pepe Marchena et Joselero de Moron.
C'est dans un style vestimentaire peu classique pour un cantaor que José Angel Carmona fait son entrée sur scène. En tenue casual - jean, veste claire et baskets -, le cantaor de 38 ans arbore fièrement un t-shirt noir de la compagnie Olga Pericet sous-titré de l'intitulé du nouveau spectacle de la bailaora de Cordoue, "Flamenco Untitled"( Flamenco sans titre). La voix puissante de Miguel Angel emplit facilement l'espace de la grande salle de l'Institut. Il est comme toujours accompagné de sa fidèle mandole, un instrument cousin de la mandoline, et du percussionniste Agustin Diassera.
Cantaor atypique, José Angel Carmona a déjà trois albums à son actif. Ses solides fondations lui permettent de tout chanter et d'oser des expériences inédites, comme accompagner ses cantes à la mandole, un instrument qui apporte une couleur nouvelle et dont la sonorité métallique se marie très bien au melting-pot de cantes qu'il interprète en ouverture de son récital. Il poursuit par des bulerias al golpe avec Agustin Diassera, qui démontrent sa grande maîtrise du compas, puis enchaîne por pregones. Des alegrias de Cordoba et Cadiz apportent un peu de légèreté. José Angel poursuit par une courte malagueña qui lui permet de nuancer son phrasé, concluant logiquement par des cantes abandolaos. Enfin, le cantaor conclut son concert par des bulerias dans lesquelles il se permet des fantaisies, comme l'inclusion d'airs de tangos de Grana.
En résumé, un récital court mais bien conçu, orchestré par un cantaor, José Angel Carmona, dont l'originalité interpelle dans le paysage du flamenco andalou actuel, et qui n'a pas encore montré tout son potentiel. A suivre de près. Le public de Nîmes ne s'y est pas trompé et a applaudi longuement et avec ferveur José Angel Carmona qui est revenu pour un bis sous forme de fandango.