Le Festival Flamenco de Nîmes a accueilli pour la cinquième année consécutive une soirée dédiée à l'Estrémadure, lundi 18 janvier à la SMAC Paloma.
En quatre ans, beaucoup d'artistes d'Estrémadure sont passés par le festival Flamenco de Nîmes, mais bizarrement, celui dont le nom vient spontanément à l'esprit lorsque l'on parle de flamenco d'Estrémadure, n'avait pas refranchi l'enceinte de la cité gardoise depuis sa première venue au festival en 2006. Tort réparé, puisque le cantaor Miguel de Tena, lauréat de la Lampara Minera au Festival de La Union en 2006, était la tête d'affiche de la soirée.
Le spectacle qui a attiré de nombreux aficionados malgré un jour - le lundi - pas facile - et un lieu - Paloma - moins accessible que le Théâtre Bernadette Lafont, débute par un tableau très intéressant : El Aspirina au clavier - étonnant percussionniste aussi multi-instrumentiste - accompagne Miguel de Tena et Manuela Sanchez qui interprètent en duo, respectivement au cante et au baile, la célèbre zambra de Manolo Caracol "La Salvaora", symbolisant le couple mythique que formaient Manolo Caracol et Lola Flores. Une mise en scène qui met en valeur la puissance du cante de Miguel de Tena qui vient en contrepoint du baile ultra-féminin de Manuela.
Le récital prend ensuite une tournure plus traditionnelle - guitare-chant - avec des cantes por malagueña et abandolaos, puis cartagenera et taranta. Miguel de Tena interprètera aussi à la fin du récital une granaina. Il est curieux de mesurer combien les cantaores d'Estrémadure sont de redoutables interprètes des cantes de levante. Il y a lieu de se poser la question d'un lien historique entre ces deux régions. Mais selon Miguel de Tena ce serait uniquement dû au fait que les artistes d'Estrémadure participent régulièrement au concours de la Union, et qu'ils connaissent donc très bien ces cantes car ils les ont beaucoup étudiés. Lui-même a obtenu la récompense suprême du concours, la Lampara Minera.
Le cantaor enchaîne, bien accompagné par le guitariste Francisco Pinto, par des alegrias qui insufflent une bonne énergie à la salle, puis il se lance dans une solea de Alcala délibérément courte pour ne pas lasser l'auditoire, avec en guise de cambio des tercios de l'alegria de Cordoba. C'est un exercice difficile à la fois pour le guitariste et le cantaor en raison du changement de tonalité, mais Miguel et Francisco le réussissent avec brio.
Enfin des cantes d'Estrémadure, les fameux tangos extremeños, accompagnent le baile original de Manuela Sanchez, qui plaît beaucoup au public qui l'ovationne. La sonorisation du sol un peu limitée n'a toutefois pas permis d'apprécier à sa juste valeur le son des pas de la bailaora. Si beaucoup de monde confond les tangos extremeños avec ceux de Grenade c'est d'après Miguel de Tena en raison de la similitude de leur rythme.
Après la granaina, place aux cuple por buleria de Maria de la O version Manuel Vallejo. Le cantaor, dont la voix est plutôt haut perchée, est très à l'aise dans ce registre et ses tenues de notes sont extraordinaires. Il terminera le récital également par des fandangos de Manuel Vallejo, sans micro au bord de la scène, puis encore des fandangos et des bulerias.
Au final, une excellente soirée qui a fait se lever le public de Paloma, ravi d'avoir découvert ou redécouvert ces talentueux artistes.