Rosario Toledo

A.D.N

© Festival de Jerez/Javier Fergo

Hasard ou non de la programmation, Cadiz était à l'honneur pour la troisième soirée consécutive mardi soir à la Sala Paul. La bailaora gaditane Rosario Toledo y a présenté son nouveau spectacle, ADN, une proposition pleine d'humour et de créativité qui montre son attachement à ses racines gaditanes. Pour cela la bailaora s'est entourée d'une équipe de choix. Juan Villar et David Palomar au cante, Rafael Rodriguez et Niño Jero à la guitare, et Roberto Jaen, désormais palmero attitré des artistes de Cadiz.

Chaque spectatrice présente dans la salle pouvait potentiellement s'identifier à l'histoire racontée par Rosario, dans un décor intimiste fait d'un petit canapé en osier, de plantes, d'un paravent et d'une coiffeuse. Rosario a un don inné pour la comédie qu'elle joue très naturellement. Elle parvient à exprimer une ample palette d'émotions. L'alegria qu'elle danse en bata de cola turquoise parvient momentanément à masquer la tristesse dûe à l'appel téléphonique qu'elle vient de recevoir. Rosario propose une relecture intéressante de ce baile en le décomposant en plusieurs morceaux, accompagnée par le cante de David Palomar et la superbe musique de Rafael Rodriguez. Alors que David Palomar interprète la milonga "si llegara a suceder", Rosario réapparaît en tenue de ville sombre et lunettes noires, se servant de son sac à main comme d'un éventail. Petit à petit elle va se débarrasser de sa tenue stricte et se présenter au public les cheveux au naturel, en tailleur et soutien-gorge, danser puis quitter la scène lors d'un paso a dos avec David Palomar. Le maestro Juan Villar, artiste invité du spectacle, fait son entrée pour interpréter une siguiriya avec Niño Jero. Figure du cante de Cadiz, le cantaor qui a une peña à son nom au bord de la plage de la Caleta en impose. Le moment qui suit est l'un des plus jolis du spectacle : David Palomar, assis à une table à droite de la scène avec Roberto Jaen, interprète des soleares de Cadiz "al golpe", une façon très originale d'interpréter ces cantes. Le moment le plus intense est le baile por solea de Rosario, accompagnée par Juan Villar qui chante por derecho debout face à la bailaora, inspiré aussi par l'extraordinaire guitare de Rafael Rodriguez. Suivent fandangos de David Palomar avec l'accompagnement toujours remarquable de Rafael Rodriguez. Et puis Rosario revient et offre avec Roberto Jaen un périlleux numéro en dansant avec une bouteille en verre tenue uniquement par la pression des fronts des deux protagonistes qui se font face, bouteille que Roberto Jaen rattrape au vol lorsqu'ils relâchent la pression. Une véritable prouesse. Rosario terminera le spectacle en nuisette avec des tanguillos, les déclamant à la manière de Mariana Cornejo, puis en bata de cola blanche pour la caña. Le téléphone sonne de nouveau, mais cette fois Rosario ne répondra pas.

Les artistes de Cadiz ont encore une fois remporté l'adhésion du public qui est ressorti satisfait du spectacle "ADN".


Flamenco Culture, le 24/02/2015

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EQUIPE ARTISTIQUE:: Baile - Rosario Toledo
:: Artiste invité - Juan Villar
:: Collaboration spéciale au cante - David Palomar
:: Guitare - Rafael Rodriguez "El Cabeza", Periquín Niño Jero
:: Percussions et palmas - Roberto Jaen

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