Le plus beau spectacle de baile du festival. Incontestablement et à l'unanimité. Le public était en liesse pour applaudir les artistes après une heure et demie de pure émotion. La Moneta réalise une revue de son parcours en mettant en scène les éléments qui ont influencé son baile, comme la guitare, les "rencontres avec d'autres formes d'expression qui ont marqué sa vie", comme celle avec son maestro Javier Latorre, et le cante.
Dans la première partie, "Sobre mis pasos", La Moneta danse accompagnée par la seule guitare de Luis Mariano. On reconnaît déjà la touche de Javier Latorre, très présente dans la musique et la chorégraphie. El Mati et Chema del Estad rejoignent la danseuse pour une splendide malagueña parfaitement connectée à la guitare, Fuensanta posant un geste sur chacune des notes, avec de superbes vueltas quebradas. Suivent zapateado avec cajon et guitare seulement, et cante por romance de Miguel Lavi, cantaor de Jerez à qui la salle est acquise d'emblée.
La deuxième partie, "Hados", signifie "Destins". C'est aussi un synonyme de "Fatum", le spectacle qu'avait présenté Javier Latorre l'an dernier en ouverture du festival avec Shoji Kojima. Elle est bouleversante. Javier Latorre apparaît de dos au milieu de la scène et déclenche les Olé des stagiaires présents dans la salle lorsque la scène s'éclaire. Il faut souligner que Javier est un extraordinaire maestro - nous y reviendrons dans un futur article - et qu'il est maintenant très rare de le voir danser sur scène. Ce baile qu'il offre au public du Teatro Villamarta est une solea apola sans guitare, seulement accompagnée par le cante d'El Mati et de Juan Angel Tirado. Moment très intense. La Moneta le rejoint, en bata de cola blanche, et danse en duo avec le maestro. Le public, qui compte beaucoup de japonaises, est en liesse et crie "Javier". Fuensanta poursuit avec un baile por siguiriya, soutenue par le cante magistral de Juan Angel Tirado.
Dans la 3ème partie "Vereda" - sentier en français - , La Moneta évoque sa relation au cante, avec une granaina et des cantes abandolaos interprétés par les chanteurs, dont la belle intervention d'El Mati. La fabuleuse introduction de guitare de Luis Mariano sur les "tientos azambrados" permet à La Moneta de préparer un baile fortement marqué par le style de Grenade, illustré aussi par les motifs en fond de scène qui rappellent l'Alhambra, et d'offrir au spectateur un moment d'une grande intensité, aussi bien pendant les tientos que les tangos qui suivent.
Standing ovation méritée donc pour la Moneta et les artistes qui l'accompagnaient après l'ultime baile por solea por buleria et jaleos.
Il faut souligner le remarquable travail de lumières sur le spectacle, qui a parfaitement mis en valeur le baile, et celui du talentueux guitariste Luis Mariano, véritable pilier du spectacle.