Le spectacle d'El Momo et Gema Moneo a la Sala Compañia s'est déroulé dans un contexte très particulier. Deux jours avant, le premier jour du Festival de Jerez, la famille Moneo, grande dynastie flamenca de Jerez, a été durement touchée par le décès de Manuel Moneo "Barullito", le petit-fils de Manuel Moneo, guitariste âgé d'à peine 24 ans, un peu plus d'un an après la disparition d'El Torta.
Le spectacle débute sur l'image triste et émouvante de la famille réunie sur scène, soudée autour d'une guitare posée sur une chaise, les yeux baissés et silencieuse. Une minute de silence pour Barullito.
Moneito "Momo de Jerez" prend la parole pour dédier le concert à Barullito et déclare "Va por ti Manuel Mio", avant de se mettre à chanter por alegrias, puis por solea avec l'accompagnement de Juan Manuel Moneo. Gema Moneo que nous avions eu l'occasion de découvrir au Festival des Peñas Flamencas de Lyon, intervient por siguiriyas. Le baile de la jerezana est très intéressant, il dégage à la fois force et féminité, tradition et modernité. Les bras et les mains de Gema sont vraiment splendides, et en même temps, elle a ce côté très terrien et sauvage qui lui fait perdre systématiquement ses peinetas et finir son baile les cheveux en bataille. Un beau solo de Jesus Agarrado, et puis la siguiriya de Momo, qui illustre bien la douleur présente qui l'habite, et les fandangos, toujours accompagnés par Juan Manuel Moneo, le fils de Luis Moneo, qui remplaçait Juan Diego Mateos initialement prévu. Gema revient en robe rouge pour apporter un peu de couleur à l'ensemble très sombre mais de circonstance, pour une solea por buleria pleine de force. Puis une petite jeune fille toute timide fait son entrée sur scène. C'est semble-t-il la fille de Momo, qui se lève pour l'encourager.
A noter que Momo de Jerez vient de sortir un disque intitulé "Sangre y Territorio".