Israel Galvan

Fla.Co.Men

© Festival de Jerez/Javier Fergo

Israel Galvan a encore une fois repoussé les limites de la créativité. Le bailaor sévillan souhaitait avec Fla.Co.Men "résumer tous ses spectacles sans les répéter". Il fallait donc bien connaître la carrière d'Israel ainsi qu'une bonne mémoire pour pouvoir apprécier le challenge. En y regardant de plus près, il y a en effet des éléments qui figurent dans d'autres spectacles mais présentés différemment. Le tambour par exemple de "El Final de este estado de cosas", doublé et posé par terre avec un ingénieux système permettant à Israel de l'actionner avec les pieds. Mais il s'agit surtout de réarrangement musical de pièces issues de divers spectacles allant de "Mira los zapatos rojos" à "Lo Real" en passant par "Arena", "La Edad de Oro","La Curva" entre autres...

Israel feuillette les pages de sa carrière et de sa vie posées sur un pupitre, les arrache et les fait voler sur scène. Il casse en mille morceaux une chaussure de flamenco en plâtre avec laquelle il paradait amoureusement au début du spectacle, la chaussure collée contre sa bouche et se mettra à la fin du spectacle à danser pieds-nus comme dans Arena. Il danse ventre à terre, avec les seules puntas, ou assis sur un cajon en le percutant avec ses pieds, quelle performance ! Israel fait aussi preuve d'une incroyable souplesse. Il évoque la futilité du matérialisme, voire du capitalisme en dansant sur ce qui ressemble de loin à des pièces de monnaie. Et pour finir revient dans une robe de sévillane, caricaturant le baile féminin.

La multi-instrumentiste Eloisa Canton - violon, flûte, cor - est remarquable, elle s'est totalement approprié l'univers de Galvan, de la même façon que les cantaores David Lagos et Tomas de Perrate, dont les interventions déjantées correspondent bien au contexte, s'asseyant sur le bord de la scène pour chanter alfileres de colores. Caracafé apporte un peu de musicalité à un plateau très focalisé sur le rythme, et offre un grand numéro en paradant avec sa guitare sur un paso-doble. Le percussionniste de Proyecto Lorca réalise aussi un mémorable numéro de percussions sur le corps. Enfin, les six musiciens s'illustrent dans un passage de danse folklorique très amusant.

En résumé un spectacle drôle et profond à la fois, qui peut donner lieu à différentes interprétations, chaque spectateur l'ayant vécu à sa façon. Il y a les inconditionnels de Galvan, et puis ceux à qui ce type de flamenco ne transmet pas. Mais la majorité du public du Festival de Jerez était debout pour ovationner le bailaor.

A noter que le spectacle est une coproduction du Théâtre de Nîmes - où la première du spectacle en France a eu lieu les 14 et 15 janvier durant le Festival Flamenco - et le Théâtre de la Ville où les parisiens pourront sans doute découvrir le spectacle l'hiver prochain.


Flamenco Culture, le 22/02/2015

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EQUIPE ARTISTIQUE:: Baile - Israel Galvan
:: Cante - David Lagos, Tomas de Perrate
:: Musiciens - Eloisa Canton, Caracafe, Proyecto Lorca

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