Alors qu'à Paris à la peña Flamenco en France, Carmen Ledesma, accompagnée de Lori "La Armenia", Cristo Cortes et Dani Barba mettait le feu à la peña Flamenco en France après une semaine de stage, une autre grande danseuse sévillane se produisait sur la scène du mythique Teatro Villamarta de Jerez.
La grande Manuela Carrasco, "La Diosa" comme certains l'appellent, avait pour intention de montrer la force expressive de son baile à travers les quatre éléments de la nature : l'eau, la terre, l'air et le feu. Pour cela elle était accompagnée d'une imposante équipe de musiciens regroupés sur une estrade à gauche de la scène et comptait sur la présence en fond de scène de trois panneaux verticaux sur lesquels défilaient les éléments, ainsi que d'un autre tablao à droite de la scène.
Manuela décida d'incarner le feu dans une bata de cola au corail profond, en interprétant taranto et cartagenera, accompagnée par le cante de sa fille Samara Carrasco. Les flammes projectées sur les panneaux illustrent le premier élément.
Le deuxième élément, l'air, est représenté par trois formidables danseuses à la technique irréprochable : Saray de de Los Reyes, Loli de Los Reyes et La Marquesita. Elles offrent un trio por rondeña très convaincant, accompagnées par l'excellent cante de Pepe de Pura. L'air sera représenté un peu plus tard dans la solea por buleria que Manuela exécute sur un tablao surélevé, un baile toutefois un peu décousu.
L'artiste invité "Potito" qui s'est retiré de la scène depuis plusieurs années rejoint Manuela et interprère la "Canastera" de Camaron, puis une siguiriya à la tonalité un peu particulière. Les trois cantaoras chantent des tangos, parmi elles on reconnaît la talentueuse Inma La Carbonera dont le cante donne toujours le frisson.
Superbe trio des danseuses por cantiñas, puis alegrias de Manuela pour symboliser l'eau de l'océan qui borde la ville de Cadiz.
Et puis pour finir, la solea que tout le monde attendait, comme toujours accompagnée par le cante d'El Extremeño à qui Manuela se remet entièrement. La complicité entre les deux artistes qui travaillent ensemble depuis tant d'années est totale. Le port de bras est majestueux et les pieds sont justes pour ce baile qui représente cette fois la terre, alors que le public est au ciel.