Belen Maya est l'une des figures les plus emblématiques du Festival Flamenco de Nîmes. Elle y a dansé notamment dans "Mujeres" et "Tres", et l'an dernier dans le spectacle d'Israel Galvan "Lo Real". Mais Belen n'est pas venue seule. Sur scène elle a convié des artistes d'exception, qui l'entourent et la portent dans une création justement intitulée "Los invitados". Ces formidables invités, tous plus talentueux les uns que les autres, chacun dans leur style, sont comme une seconde famille, la famille de coeur que la danseuse s'est recréée, elle que la vie a séparé très tôt de sa mère Carmen Mora, et il y a quelques années de son père Mario Maya.
La musique de Javier Patino donne un ton très nostalgique au premier tableau. On y voit Belen qui organise des chaises sur scène, jusqu'à l'arrivée de Gema Caballero qui entonne des cantes abandolaos. Suivent des moments plus joyeux avec des bulerias marquées du style de Lebrija, interprétées par José Anillo et Belen Maya. Rafael Rodriguez accompagne por derecho la malagueña de José Anillo. Un pur moment de cante avant l'éblouissant solo de baile de Patricia Guerrero por caracoles avec bata de cola et manton, puis le duo de cantiñas inoubliable entre les deux bailaoras de Grenade, accompagné du cante infaillible de Gema Caballero tout au long des bailes, une performance. Retour à la solennité du cante de Tomas de Perrate por siguiriya, avant de basculer dans une surprenante interprétation de "Cheek to cheek". Paso a dos aérien avec Javier Centeno, puis à nouveau siguiriya de José Valencia qui après nous avoir fait des frayeurs lors de son récital l'an dernier, a retrouvé toutes ses facultés vocales, et mieux encore. Il le démontre également dans l'accompagnement magistral du baile de Belen por solea, avec des letras de solea apola totalement décoiffantes.
La bata de cola est omniprésente dans le spectacle. On la retrouve dans presque toutes les tenues de scène de Belen, elle danse avec, seule mais aussi dans un magnifique duo avec Patricia Guerrero durant lequel elle se love dans les volants de la bata, comme elle le ferait dans un cocon protecteur, dans une position presque foetale, de la même façon qu'elle s'abrite sous la carrure protectrice de José Valencia lors de son dernier baile.
En résumé le plus joli spectacle du festival cette année. Celui-ci avait été élu par la critique au Festival de Jerez, on comprend mieux pourquoi après l'avoir vu, même si certains des protagonistes de la première - Carmen Linares et Manuel Liñan - n'étaient pas présents, une seule phrase venant à l'esprit à l'issue du spectacle : "Viva Grana !".