Imaginez toute une salle en train de chanter "Cumpleaños Feliz". C'est le 17 janvier au Théâtre Bernadette Lafont et il est environ 21h. Nous arrivons au terme d'un fantastique récital orchestré par le cantaor gitan de Cordoue Manuel Moreno Maya "El Pele", légende du cante flamenco.
Accompagné pour l'occasion d'une des figures de la guitare flamenca de Cordoue, Manuel Silveria, El Pele, de sa voix particulière, entame son récital par une nana qui se transforme rapidement en tonas de belle facture.
La première letra de solea, "El cante es mi buen amigo", donne le ton. La deuxième letra, que chantait souvent Chano Lobato - et que Pansequito tourne en buleria - est interprétée avec beaucoup de justesse et de sensibilité. Ces mots dans la bouche d'El Pele prennent une tournure presque sacrée. "Que arte !" entend-on dans le public.
Le cantaor poursuit por solea de Cadiz avant d'enchaîner sans transition comme à son habitude en buleria por solea, évoquant Federico Garcia Lorca.
El Pele qui se dit très content de partager ce moment avec le public, et fier d'être présent à ce festival "con tanta solera y tradicion flamenca", dédie le morceau suivant "Al mundo de los toros" et au torero récemment disparu, José Maria Manzanares padre. Poème puis siguiriya à couper le souffle.
Le fils d'El Pele, José Moreno, rejoint le duo sur scène pour appuyer le compas des alegrias très personnelles qu'interprète son padre, "A mi manera" comme le dit le cantaor.
Le récital est intéractif. Alors que le cantaor s'apprète à chanter des malagueñas, un spectateur dans le public réclame des fandangos. Exécution d'El Pele qui chantera les malagueñas et abandolaos plus tard.
Final por bulerias et bis por tangos, "Vengo del moro", puis une ultime tona. A 61 ans, le cantaor en fête 47 de cante sur la scène du Théâtre de Nîmes, tout un symbole.