Le 14 février, une date toute particulière, mais hasard du calendrier pour ce bourreau des coeurs flamenco qu'est Manuel Agujetas - qui peut ne pas être touché par un cante aussi pur, sincère, profond ? - toujours accompagné de sa femme Kanako et du guitariste malagueño Antonio Soto, dont la six cordes se fait parfois presque muette pour mieux laisser s'exprimer le cante de Manuel. Ce soir-là à la MAC Créteil, nombreux étaient les aficionados à être venus passer la Saint-Valentin avec Agujetas. Il est le dernier des cantaores à avoir conservé ce chant primitif. Conscient de l'attente immense des aficionados lors de ses récitals, il dit pourtant ne jamais ressentir aucune peur ou aucun trac au moment de monter sur scène. Et comme à chaque fois qu'il vient à Paris, Manuel s'est lancé dans des soleares et siguiriyas poignantes, et les martinetes et fandangos dont il a le secret. Quand on lui demande pourquoi il ne chante jamais de tientos en France il répond que c'est car le public français n'attend pas ce type de cante, ce qu'il veut, c'est le chant profond. En première partie du roi du cante gitan, Tomasa Guerrero "La Macanita" a elle commencé son récital par des Tientos, un cante tout aussi profond à mon sens que la solea, puis a enchaîné por solea, malagueña... un récital qui a beaucoup plu au public, la présence scénique de la cantaora n'étant pas étrangère à cette réaction positive. Accompagnée par la guitare rythmique de Manuel Valencia et des palmas espiègles de Chicharito et Manuel Romero Guerrero, La Macanita a mis une belle ambiance dans la grande salle de la Mac Créteil avant le solennel récital d'Agujetas. Une très belle soirée organisée par le Festival Sons d'Hiver.