Cela fait plusieurs années que l'on croise Eugenio Iglesias dans les festivals, notamment à Mont-de-Marsan, et il était temps d'en savoir plus sur ce tocaor plutôt discret. Chose faîte à Mont-de-Marsan à l'issue de son stage.
J'ai commencé à jouer professionnellement en 1983. J'ai débuté avec Farruco El Viejo - Farruco, que tu reposes en paix - , dans son école de baile, et ensuite j'ai fait quelques concerts avec lui, en alternance avec tous les tablaos de Séville - Los Gallos, La Trocha qui n'existe plus - des anciens tablaos de Séville. Ensuite j'ai intégré la compagnie de Cristina Hoyos en 1988 et j'y suis resté jusqu'en 1993. Après j'ai travaillé avec Sara Baras, Javier Baron, Antonio Canales, Chiquetete, Remedios Amaya... avec énormément de monde, aussi bien pour l'accompagnement du cante que du baile. En ce moment je travaille avec une cantaora qui s'appelle Argentina, elle est de Huelva et elle chante très bien, et j'aimerais continuer à faire des choses avec elle. Cela fait 28 ans que j'alterne l'accompagnement du baile et du cante.
Mais le flamenco tu le connais depuis tout petit non ?Oui, car en plus d'être gitan, je viens d'une famille de guitaristes aussi. Je suis apparenté à Melchor de Marchena, mon grand-père était Miguel, le frère de Melchor de Marchena. Donc c'est vrai que c'est une tradition familiale.
Tes deux frères sont aussi guitaristes, leur as-tu enseigné des choses ?En fait nous sommes sept frères. Les deux derniers, Paco et Miguel, sont guitaristes. Nous avons chacun un style différent, mais étant donné que je suis l'aîné, je les ai sûrement influencés d'une manière ou d'une autre, mais c'est plus une influence qu'un enseignement.
Y-a-t-il un cantaor que tu préfères accompagner ?Je dis toujours que l'accompagnement du cante en réalité est difficile car chaque cantaor est un univers à lui tout seul. Donc je me sens plus à mon aise avec les cantaores que j'accompagne depuis longtemps, car je connais déjà leur façon de respirer. J'adore José Valencia, Argentina, qui sont très différents mais j'aime beaucoup les deux. Il y a aussi José Angel Carmona, un cantaor de Los Palacios qui a une voix fantastique. Et puis bien sûr mes amis Juan José Amador, Enrique El Extremeño, Chiquetete...
Oui je compose. On m'a chargé de composer la musique d'une oeuvre qui sera un peu comme du théâtre grec mais avec du flamenco. J'ai composé la partie flamenca pour le spectacle "Carmen" de la compagnie la Cuadra de Sevilla de Salvador Tavora. J'ai aussi composé quelques thèmes pour des disques. Un peu de tout, je suis tout-terrain !
As-tu un disque à ton nom ?Non, par manque de temps, car je suis tout le temps en train de travailler. Pour pouvoir réaliser un disque, il faut s'arrêter quelques mois, et je ne peux pas me le permettre, malheureusement.
Cela fait plusieurs années que tu viens à Mont-de-Marsan, pour quelle raison penses-tu qu'on t'ait choisi toi ?En fait je ne sais pas ! Ce dont je suis sûr c'est que je viens depuis le second festival, cela fait 22 ans que je viens ici ! Je pense que c'est pour plusieurs raisons, peut-être qu'ils aiment la façon dont je joue, ma façon d'être. C'est un ensemble de choses, j'imagine que ça doit être ça. J'ai beaucoup d'amis ici, je me sens comme chez moi.
Quel conseil donnerais-tu à quelqu'un qui veut apprendre à jouer de la guitare flamenca ?Beaucoup écouter, et écouter ce qui est le plus important. Ecouter le cante est primordial, car le cante est la base du flamenco. Si tu n'écoutes pas de cante, tu ne peux pas bien jouer ni bien danser.
Qu'as-tu pensé du stage de cette année ?Ce fut une merveille, car le niveau était très élevé. Cela fait plusieurs fois que je viens mais cette année c'était vraiment exceptionnel. Ca s'est très bien passé car les stagiaires ont compris les choses très rapidement.
Quels sont tes projets ?A court terme j'ai un projet de spectacle avec mes deux frères dont s'occupe Raul Comba, un producteur de Grenade. Pendant ce concert nous allons interpréter chacun un thème en solo et ensuite des thèmes à deux ou trois... Mais comme je travaille beaucoup c'est difficile de nous réunir. Le premier projet à court terme c'est celui-ci. A long terme on ne sait jamais. Je regarde toujours de près, je ne regarde jamais de loin.