Le légendaire cantaor Manuel Agujetas a conclut avec jondura la 23ème édition du Festival Arte Flamenco de Mont-de-Marsan.
Comment l'an dernier, c'est sur les berges de la Midouze que le festival Arte Flamenco s'est achevé, avec pas moins que l'immense cantaor Manuel Agujetas. L'idée de Sandrine Rabassa, en préparation depuis près d'un an, était d'offrir au cantaor un espace ouvert, sans entrave, pour un récital à son image. Une clôture qui se voulait aussi un retour à l'essence du flamenco, au cante puro et jondo, et de par sa gratuité, accessible au plus grand nombre.
Il s'en est fallu de peu pour que le bruit de la pluie ne se mêle au son du martillo, mais le ciel fut du côté du flamenco et permit au récital de se dérouler sans encombre, à un quart d'heure près.
Si Manuel Agujetas semblait très fatigué la veille du concert, il semblait avoir recouvré un peu de forces le lendemain. Et c'est par des cantes de fragua qu'il démarra son récital, avant de poursuivre, accompagné par le guitariste Antonio Soto, por solea, siguiriya et fandango, des cantes appartenant à son répertoire habituel, avec cette diction et cette entrega si caractéristiques.
La dernière fois que j'avais vu Manuel Agujetas en concert c'était depuis le premier rang du Théâtre Romain Rolland de Villejuif en 2009. Le monstre sacré du cante s'adressait au public, et la proximité avec le cantaor était bouleversante. C'est cette proximité, et aussi la sacralité de l'écoute, du silence, qui m'ont personnellement manqué lors de ce concert ; le public, bien qu'en face du cantaor, était sur la berge opposée de la Midouze, une position peu propice à l'échange entre le maestro et son public venu spécialement pour l'écouter.
Il faut souligner le soin particulier apporté aux lumières, qui donnaient un effet féérique au tableau, de même que les images d'Agujetas projetées sur un bâtiment en pierre se trouvant en face de la rive où étaient postés les spectateurs. En revanche le son, du moins là où j'étais placée - le plus près possible du cantaor, c'est-à-dire du même côté de la rivière - , ne m'a pas semblé à la hauteur du maestro ; sa voix doublée d'un dérangeant écho semblait se perdre dans les flots de la Midouze.
Mon sentiment sur ce concert exceptionnel que j'attendais depuis des mois est donc un peu mitigé, sans doute en raison d'un placement inadéquat, car le ressenti des personnes qui étaient de l'autre côté de la rive fut différent.
J'espère de tout coeur avoir l'occasion d'écouter de nouveau l'immense artiste qu'est Manuel Agujetas, et qu'à cette occasion son cante si pur ne soit troublé d'aucune manière.