"Danzaora" n'est pas le dernier spectacle de Rocio Molina, mais, inédit en France, sa présentation à Mont-de-Marsan était très attendue, et ce fut avec le même succès qu'en 2007 que la bailaora soumit au public montois sa nouvelle création.
Selon Ana Olabarria, le terme "Danzaora" a été inventé par Rocio Molina pour définir l'expression d'un nouveau langage dans l'univers de la danse et du baile, un langage capable d'intégrer différentes disciplines artistiques telles que le baile flamenco, la danse classique, le classique-espagnol, l'école bolera ou les danses folkloriques. Rocio Molina a donc créé un langage propre dont elle va chercher le vocabulaire dans différentes danses. C'est le tableau de Pieter Brueghel "El Viejo", "La Torre de Babel" (la Tour de Babel) qui a inspiré à Rocio Molina le contenu de la création, en particulier la bipolarité de la tour qui montre une partie très ordonnée et finie, et une autre non terminée et beaucoup plus chaotique.
Dans Danzaora, Rocio Molina rend hommage aux percussions. Celles du tambourin, du cajon, mais aussi de ses propres pieds. La danseuse s'affranchit d'une mise en scène sophistiquée et retourne à l'essentiel, son baile. Accompagnée d'une voix masculine de poids, celle du cantaor de Los Palacios José Angel Carmona, de la guitare du talentueux Eduardo Trassiera, et de deux palmeros/bailaores de la famille Oruco, Rocio Molina revient à l'essence du flamenco, et danse beaucoup sans musique dans le spectacle. Mais celle qui travaille sa danse jusqu'à huit heures par jour est toujours aussi avide de puissance, de rapidité et de précision.
La prestation de José Angel Carmona ne passe pas inaperçue, car le talentueux cantaor est aussi musicien et offre un très beau solo de mandoline.
"Danzaora" aurait servi de laboratoire à la toute dernière création de Rocio Molina, "Vinatica", que l'on pourra bientôt découvrir en France.