C'est devant un Café Cantante comble qu'Israel Galvan s'est présenté pour la première fois au public de Mont-de-Marsan.
La Edad de Oro, qui fêtera sa 200ème en septembre à New York, est un spectacle qui se laisse voir et revoir sans lassitude aucune. La qualité est toujours au rendez-vous. Sans doute car la création a su évoluer. Créé en 2005 pour le Festival de Jerez, "La Edad de Oro" est le spectacle le plus simple d'Israel Galvan qui, par esprit de contradiction face à l'image de danseur étrange qu'il renvoyait, avait à l'époque décidé de revenir aux trois composantes essentielles du flamenco : le cante, le baile et la guitare. Le spectacle avait été conçu à l'origine avec Alfredo Lagos et Fernando Terremoto. Suite au décès de ce dernier en février 2010 c'est David Lagos, cantaor de la même génération mais à la personnalité très différente, qui a repris la difficile succession de son paisano. Difficile, car même si la comparaison est impensable, le souvenir lui est inaltérable. "Il y a un avant et un après Terremoto" confie Israel. "Mais même s'il n'est plus présent, on l'emmène quand-même avec nous". Pour Sandrine Rabassa, programmer la Edad de Oro à Mont-de-Marsan était donc aussi une façon de rendre hommage à Fernando Terremoto.
Israel Galvan considère La Edad de Oro comme une sorte de laboratoire où il expérimente de nouvelles formules, une maison où il change le décor. Mais ce qui lui plaît le plus ce sont les relations humaines qu'il a développées avec les autres artistes en partageant beaucoup avec eux sur une longue durée. Parmi ces artistes, il y a bien sûr David et Alfredo Lagos, deux artistes qui, même s'ils sont de Jerez, ont la particularité selon Galvan de savoir s'adapter à d'autres langages que le flamenco.
Israel Galvan fait couler des larmes dans le public, un public dont il s'est senti particulièrement proche au cours de son séjour à Mont-de-Marsan. "J'ai aimé avoir ce contact privilégié, c'est quelque chose qui manque, ce contact en dehors de la scène avec son public" confiait-il la veille du spectacle. Avec un vocabulaire chorégraphique sans cesse renouvelé et une technique irréprochable, le danseur des solitudes a rendu hommage à l'âge d'or du flamenco, cette période qui va de la fin du 19ème siècle jusqu'aux années 30, durant laquelle le flamenco s'est beaucoup développé.
Mais ne pas citer la performance des frères Lagos serait un crime. David chanta merveilleusement, notamment por siguiriya, comme porté par la guitare de son frère Alfredo et par une force mystérieuse que l'on peut sans doute attribuer à l'âme de Fernando Terremoto, qui continue à vivre le spectacle. Quant à Alfredo, il est incontestablement un immense guitariste.
La soirée se termina par une rencontre d'Israel Galvan et ses musiciens avec le public, au cours de laquelle les stagiaires de la master class d'Israel Galvan, désormais appelées "Les mouches" en référence au flash mob de la veille, lui remirent un présent au rythme de la buleria.