Le guitariste français Juan Carmona, directeur artistique du festival "Rue Flamenco" via sa société de production "Nomades Kultur" qui organisait conjointement avec la Grande Halle de La Villette les spectacles de flamenco, était logiquement au programme. C'est avec son groupe habituel que le musicien s'est produit le vendredi 6 mai durant un peu plus d'une heure en première partie d'Antonio Canales.
Juan Carmona débute son concert avec les sensibles "Soleariyas" de son dernier album avant de laisser la part belle au rythme avec le titre phare du même opus, le Tango "El sentido del aire", puis des bulerias sublimées par le cante de Rafael de Utrera. D'autres morceaux bien rythmés par les percussions de Bandolero et la basse de Didier del Aguila se succèdent, avec cependant une flûte trop présente, et le concert se conclut avec la magnifique et mélodique minera "Camino de la memoria" et la buleria "la estrella que me guia".
Comme la plupart des guitaristes, Juan Carmona a fait appel à un bailaor pour de courtes interventions. Ce soir-là, il s'agissait de Nino de los Reyes. Même si le jeune bailaor au physique agréable a été ovationné par une partie du public, son "baile", si l'on peut qualifier ainsi des gestes brusques et un AVE monté sur tacones, m'a plutôt déplu. On est bien loin de l'arte de Rafael de Carmen ou Manuel Gutierrez, deux bailaores qui ont accompagné Carmona par le passé. Cependant il est logique pour Juan Carmona d'avoir choisi ce type de danseur au style percussif, dans la lignée de ceux qui accompagnent Paco de Lucia et Tomatito, cohérent avec le contenu de son concert axé sur le rythme.
Rafael de Utrera, seul cantaor de la formation ce soir-là, réalisa des interventions de grande qualité comme l'on pouvait s'y attendre, avec les capacités vocales, la sabiduria et le corazon qu'on lui connaît, efficace dans tous les palos.
Comme il y a quelques mois à l'Européen, Juan Carmona a séduit une bonne partie du public parisien avec la musique entraînante de son dernier album, mais on aimerait le voir la prochaine fois dans un récital laissant plus d'espace à une guitare parfois étouffée par les autres instruments.