Il s’en est fallu de peu pour que ce concert soit annulé et des spectateurs déçus ont renoncé à cette soirée dès l’annonce par les organisateurs d’une absence prévisible...Grève des contrôleurs aériens à Madrid. Diego « El Cigala » a pu rejoindre Arles et la scène du Théâtre antique. C’est finalement Rocío Marquez qui aura sauvé la mise.
Il est apparu sur scène, à la grande joie de ses fans, après encore longtemps d’attente, une attente néanmoins qui fut remplie par les solos fabuleux des membres de son groupe et notamment du pianiste qui a plongé le public dans l’atmosphère d’une Havane rêvée.
Diego Ramón Jiménez Salazar, surnommé El Cigala, est un artiste déjà très populaire y compris en France, connu pour son chant flamenco mais surtout pour ses reprises de chansons cubaines, ce qui lui a valu une consécration internationale. Il est né en 1968 à Madrid dans le quartier du Rastro, de parents qui ont baigné dans cette atmosphère flamenca. Comme de nombreux chanteurs flamenco, El Cigala a débuté dans la rue et dans les tavernes. Après avoir intégré des compagnies de danse comme celle de Mario Maya, Farruco, El Güito, Manuela Carrasco, Cristóbal Reyes, Carmen Cortés et Manolete, il se lance dans une carrière en solo. Après plusieurs albums dans le répertoire flamenco, celui de Lágrimas negras réalisé en collaboration avec le pianiste cubain Bebo Valdés lui apporte la célébrité. Suivront d’autres créations dont Picasso en mis ojos. Après un retour aux chansons cubaines et aux romances s’ouvre une nouvelle expérience avec la reprise de classiques du Tango argentin.
« El Cigala » a eu du mal à entrer dans ce concert et il lui aura fallu plusieurs chants pour s’imposer. Sa voix est râpeuse (« afillà »), cassée, gitane. Cette voix, attendue sur le cante flamenco, il la pose sur ces chansons cubaines, des boleros, des rumbas, leur donnant une autre dimension, plus tragique moins nostalgique.
Les principaux succès des albums Lagrimas negras, Dos Lagrimas et Picasso en mis ojos sont interprétés. Diego présente aussi des thèmes de son dernier et huitième album Cigala & Tango, tentative de fusion de tangos tirés du répertoire classique argentin avec l’expression flamenca. C’est sans conteste, le répertoire cubain qui a réveillé le public arlésien et dans lequel Diego El Cigala se sent très à l’aise porté par sa formation. Et quel groupe ! Jaime Calabuch « Yumitus », pianiste catalan, montre une grande liberté dans les accompagnements et ses improvisations, proches du jazz mais très cubaines dans l’âme. La présence de Diego del Morao à la guitare apporte l’âme flamenca. Yelsy Heredia Figueras à la contrebasse et Sabú Porrina aux percussions complètent merveilleusement cette formation. C’est sans doute cette formation convaincante qui a donné toute l’âme à ce concert. Diego « El Cigala » reviendra pour un rappel avec une reprise de « Dos gardenias parà tí » de la chanteuse Isolina Carrillo que le « Buena Vista Social Club » a laissé dans nos mémoires musicales.