Les prix 2008 ont été remis le Samedi 7 Mars lors du traditionnel déjeûner de presse à la Bodega Los Reyes de González-Byass en présence de l'élue de la ville de Jerez Pilar Sanchez, et de la déléguée municipale à la Culture et aux Fêtes, María Dolores Barroso.

Le prix de la critique de la Catedra de Flamencologia revient au spectacle "Mujeres" de Mario Maya, et a été reçu par Merche Esmeralda, Rocio Molina et des représentants de la famille de Mario Maya. Le prix du public du quotidien El Diario de Jerez a été attribué à Miguel Poveda pour son spectacle "Sin Frontera" présenté l'an passé, selon les votes des spectateurs. Nani Paños et Rafael Estevez ont eux reçu Le prix Révélation pour leur fabuleuse création "Flamenco XXI: Opera, café y puro".

L'année prochaine seront primés les artistes du Festival 2009 : Maria Pagés (prix des spectateurs), Rocio Molina (prix de la critique) et Concha Jareño (prix révélation).

©Murielle Timsit

Durant le festival, les 985 stagiaires venant de 39 pays ont pu suivre des stages avec les plus grands du baile flamenco dont la plupart dansent sur scène : Angelita Gomez, Javier Latorre, Merche Esmeralda, Andres Marin, Isabel Bayon, Rocio Molina, Leonor Leal, Maria del Mar Moreno, Manuel Liñan, Manuela Rios, Andrés Peña, Alicia Marquez, Mercedes Ruiz, Angel Muñoz...entre autres. Un taux d'occupation de 98,4% pour les stages de baile, mais seulement 51% pour les stages de compas/palmas dispensés par Jeronimo Utrilla et El Gamba de Jerez, un chiffre assez positif selon l'organisation car c'était une première pour le festival.

Les japonais sont toujours en tête, suivis par l'Allemagne. A noter la bonne place de nos voisins transalpins qui arrivent en troisième position, position occupée par les français l'an dernier mais qui, à cause de la baisse du pouvoir d'achat, des vacances scolaires qui ne coincidaient pas avec les dates du festival cette année, et de l'offre de stages conséquente en France ont été moins nombreux dans les cours cette année. Tous les pays d'Europe sont représentés : Suisse, Angleterre, Hollande, Grèce, Malte, Autriche...

C'est en Asie que la demande est la plus forte. On remarque en particulier une nette augmentation des stagiaires en provenance de Taiwan.

Paco Sanchez

La XIII° édition du Festival de Jerez a accueilli 34120 spectateurs, avec un taux moyen d'occupation des salles de spectacle de 92%. Les peñas qui offrent comme chaque année des spectacles gratuits dans le cadre du cyle "De peña en peña" ont enregistré quant à elles un taux d'occupation de 100%.

La plupart des spectacles auxquels j’ai assisté cette année au Festival de Jerez au Théâtre Villamarta m’ont donné l’impression qu’une tendance générale se dégageait. Ce que j’ai vu me donne l’impression d’avoir assisté à ce qu’on appellerait aujourd’hui dans le milieu hollywoodien des « superproductions », toute proportion gardée naturellement… Il est vrai qu’un site comme le Théâtre Villamarta possède un cadre formaté pour ce type de performance.

Ces spectacles, exigeants techniquement et scéniquement, ont été servis par des artistes, essentiellement danseurs, qui ont atteint un niveau artistique très élevé. J’insiste sur le « essentiellement danseurs » car le chant et la guitare, les deux autres mamelles du flamenco, n’avaient visiblement pas le droit de cité en tant que tête d’affiche au Théâtre Villamarta. Pour les écouter, il fallait se rendre dans des lieux plus intimes (Bodega Los Apostoles, Sala Compania, Peñas… ). Mais au fond pour son spectacle majeur, sur les trois programmés chaque soir, le Théâtre Villamarta n’a fait que comme les autres grandes salles ailleurs dans le monde. Ces dernières lorsqu’elles programment du flamenco, choisissent très souvent de la danse. Certainement parce que le baile peut s’adresser à un public plus large. A cela, il serait possible de rétorquer qu’un danseur bailaor est accompagné de chanteurs et musiciens. Par conséquent, cela nous offre la possibilité, en plus de la danse, de profiter du chant et de la musique. Sauf que lors de ce festival, j’ai remarqué une utilisation accrue de vidéos et bandes sonores pratiquement à chaque spectacle.

Ces spectacles, où la mise en scène est devenue prééminente, racontaient une histoire avec un vrai scénario. Pour servir cette histoire et guider le spectateur, des vidéos, parfois avec du texte, étaient projetées. Quant aux bandes sonores, elles se sont parfois complètement substituées aux chanteurs et aux musiciens. Comme dans la très grande majorité des comédies musicales qui se jouent sur les plus grandes scènes françaises, les danseurs ont assez souvent exécuté leur performance sur des bandes enregistrées. Ou bien, comme lors d’une représentation, lorsqu’ils jouaient en direct, ils ont été tenus à l’écart, derrière un écran et sur cet écran étaient projetées des images. Comme si leur rôle était devenu secondaire. Evidemment, nous sommes très loin des tablaos, peñas et autres Cafes Cantantes qui ont vu naître les premiers spectacles. Cet art jeune d’à peine deux siècles a donc connu une évolution significative et depuis plusieurs années maintenant, nous assistons à un tournant. Aujourd’hui, il me semble que des moyens importants doivent être déployés pour monter de tels spectacles, des moyens similaires à d’autres types de spectacles (danse classique, danse contemporaine, comédie musicale…).

Cela me fait penser à une réflexion intéressante entendue pendant le festival par une habitante de Jerez : en langue espagnole, les danseurs de flamenco sont les seuls à être désignés par le terme de bailaor tandis que tous les autres (danseurs classiques, contemporains…) sont des bailarin. Aujourd’hui, pour cette jerezana, ces grands danseurs de flamenco, et surtout danseuses, sont pour elle devenus des bailarinas et non plus des bailaoras, tant il est vrai que pour la plupart, ces danseuses ont d’abord été formées à l’école classique et contemporaine, avant de se tourner vers le flamenco. Toujours est-il, ce sont ces spectacles de bailaor / bailarin qui sont joués dans les grandes scènes mondiales et hissant ainsi le Flamenco, du moins ce type de flamenco, au rang des autres disciplines artistiques lui conférant par là même une dimension internationale. Bien sûr, le flamenco que je qualifierais de plus « confidentiel », loin des projecteurs, ne s’éteint pas pour autant. Il reste très vivant pour les aficionados qui savent toujours où se retrouver. Pour ma part, même si je reconnais la qualité des grands spectrales et la virtuosité des artistes, c’est dans ces lieux plus intimes que je préfère voir et surtout écouter le flamenco. Les débats entre ceux qui pensent que les grands spectacles ne sont pas « Flamenco » et ceux qui pensent le contraire restent vivaces. Vivace comme le Flamenco en somme qui se décline sous différents aspects. Et cela le Festival de Jerez l’a très bien compris en offrant au public la possibilité d’écouter du chant, de la guitare et voir de la danse dans des lieux à taille humaine, ou alors des spectacles plus grands au Théâtre Villamarta. Ces mêmes spectacles qui pour la plupart iront connaître d’autres fortunes ailleurs dams le monde... tandis qu’un nombre de plus en plus important d’aficionados afflue à Jerez, ville dite berceau du Flamenco, pendant son Festival.