L'interview de la semaine 

Laura de Los Angeles : flamenca dans l'âme 

C'est lors de l'entracte de son spectacle à Planète Andalucia que je retrouve la pianiste sévillane Laura de Los Angeles. Malgré son jeune âge, c'est une artiste au caractère bien trempé, qui répond à mes questions du tac-au-tac, de façon très concise et affirmée. Pianiste percussive et percutante, elle est flamenca dans l'âme !

 


Laura de Los Angeles, c'est ton vrai nom ?

Mon nom est Laura Lepe de Los Angeles, et mon nom artistique est Laura de Los Angeles.

Tu es de Séville, quel est ton premier souvenir du flamenco ?

J'ai grandi entre un quartier de Séville qui s'appelle La Alameda de Hercules, un coin très flamenco, et le quartier de l'Aljarafe, où vivaient beaucoup d'artistes de flamenco : beaucoup de danseurs, de guitaristes, des ingénieurs du son, des producteurs... je les écoute depuis que je suis toute petite.

As-tu de la famille dans le monde du flamenco ?

Non, mon père jouait de la guitare quand il était jeune avec des chanteurs, mais il n'y a personne de ma famille dans le monde du flamenco, par contre des aficionados si.

As-tu des origines gitanes ?

Ma grand-mère s'appelait Carmen Vargas, à Séville le nom Vargas...mon arrière grand-mère était gitane alors oui, j'ai quelques origines.

A quel âge as-tu commencé à jouer du piano ?

Je t'explique. J'ai commencé le flamenco depuis toute petite, avec la percussion, le cajon flamenco, les palmas, en chantant avec ces personnes dont je t'ai parlé auparavant... et à l'âge de 11 ans j'ai commencé à jouer du piano auquel j'ai ensuite rajouté le flamenco.

"Le piano peut apporter
un nouveau timbre au flamenco" 


©Paula Dominguez

As-tu commencé avec le classique ?

Le classique est un passage obligé. Tu dois aller dans un conservatoire pour apprendre à maîtriser le piano, le clavier. Après avoir appris à maîtriser le clavier, durant cinq ans, j'ai décidé de travailler seule car la technique du flamenco était très différente, c'était un peu incompatible.

Connais-tu d'autres types de musique comme par exemple le jazz, joues-tu du jazz ?

Je suis flamenca, je dis toujours que je suis flamenca, c'est ma première musique. Mais la musique qui me plaît après le flamenco c'est le latin jazz, le jazz...

Quelle discipline t'impose ton instrument ?

Je m'impose de jouer tous les jours durant plusieurs heures, comme si c'était un travail. Je me lève le matin, j'étudie, je compose. Même si c'est un moment il faut jouer tous les jours.

Combien d'heures par jour ?

Au minimum 6 heures pour arriver à faire certaines choses.

Quand as-tu commencé le piano flamenco ?

Depuis que j'ai commencé le conservatoire, tout ce que j'ai appris je l'ai transposé au flamenco. Je jouais les partitions classiques mais ensuite j'improvisais toujours en flamenco.

Quelles sont les différences entre le piano classique et le piano flamenco ?

C'est comme la voix, comme la guitare, c'est comme si tu chantes de l'opéra ou du flamenco, c'est une différence qui n'a pas besoin d'être dite, elle se voit. C'est la même chose qu'entre un guitariste classique et un guitariste flamenco. Dans le piano classique, tu caresses plus le piano, dans le piano flamenco tu imites plus le baile, la percussion, le compas.

As-tu des références dans le monde du flamenco ?

Oui. Il y a Manuel Soler qui était mon voisin. C'était un grand bailaor et percussionniste. Avec lui j'ai beaucoup appris sur le compas flamenco. Ensuite il y a des guitaristes comme Paco de Lucia et d'autres très anciens comme Niño Ricardo. Je puise essentiellement mes références dans la guitare flamenca, car dans le piano il y en a encore peu.

As-tu des styles favoris ?

J'aime beaucoup jouer les palos à compas, où il y a du rythme, de la percussion... J'aime tout. Mais il est vrai que lorsque je joue por buleria par exemple ça me retourne.

Que penses-tu de la fusion ?

Si on maintient toujours l'essence du flamenco, parfait, ça me plaît, mais que jamais on ne s'en éloigne.

Que penses-tu que le piano puisse apporter au flamenco ?

Un son nouveau, un timbre, un timbre distinct du toque flamenco. Nous avons déjà le timbre de la guitare, le piano apporte un timbre nouveau. Chacun sait que le piano est un instrument roi, la force qu'a le piano peut apporter au flamenco.

Que t'ont apporté tes rencontres avec d'autres artistes comme par exemple Rocio Marquez ?

J'apprends de tous les compagnons avec qui je travaille, avec qui j'ai travaillé, et avec qui je travaillerai. J'apprends toujours, je prends d'eux le meilleur. Avec Rocio j'ai appris à accompagner le chant, beaucoup de choses...

C'est la première fois que tu te produis en France, pourquoi avoir choisi Planète Andalucia ?

Oui, c'est la première fois que je me produis en France, à Planeta car j'ai des amis qui ont travaillé ici et qui ont parlé de moi, ils étaient intéressés par mon travail alors je suis venue.

Quel est le programme de la seconde partie du spectacle ?

Je vais commencer par un hommage à Federico Garcia Lorca. Ensuite je vais continuer por alegria, por tanguillo...ce sera une partie plus festera.

Quels sont tes projets ?

Mon nouveau disque est enregistré, alors le projet maintenant c'est de le distribuer et de faire une tournée autour de cet album.

A noter : le disque de Laura de Los Angeles, El Callejon Del Agua, a été pré-sélectionné pour concourir dans la catégorie "Meilleur album de flamenco" pour les prix de musique 2009 En savoir

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flamenco-culture.com - Murielle Timsit - 24 Mai 2008
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