L'interview de la semaine 


Cristo Cortes : le flamenco de la tradition


Bonjour Cristo, tu es exceptionnellement à Paris pour donner un stage de cante flamenco pour la première fois ici.

Comment s'est déroulé ce stage ?

Ca s'est apparemment bien passé, les élèves ont l'air content, le but du stage n'est pas d'apprendre à chanter en deux heures.

Vas-tu revenir donner d'autres stages cette année, y aura-t-il un suivi ?

Il est prévu normalement que je revienne le 10 juin, avec le même organisateur, ANTONIO RUIZ, et si ça fonctionne bien, je reviendrai une fois par trimestre.

Comment comptes-tu transmettre ton art, acquis au sein d'une famille de chanteurs, aux élèves ?

Pour moi c'est plus facile bien sur parce que je viens d'une famille de chanteurs. On est neuf au total et nous sommes cinq à chanter. Moi je suis le dernier de tous, mon père chantait, et mes grands-parents du côté paternel que je n'ai pas eu la chance de connaître aussi, et ça nous a été transmis de père en fils. Et c'est vrai que je ne vais pas apprendre aux élèves à chanter en deux heures, j'essaye de leur donner des informations, des clés pour comprendre la base, le rythme, car le flamenco sans rythme, ce ne serait pas du flamenco.

Tu participes au spectacle des cuatro cantaores gitanos en hommage à Camaron la semaine prochaine à Planète Andalucia. Peux-tu nous parler de ce spectacle ?

C'est une idée d'un cousin à moi qui s'appelle JOSE CORTES "EL MULETO". Etant donné qu'il n'habite pas très de loin de chez moi sur Marseille, on s'est donné des idées, et on a décidé de faire un hommage à Camaron.

Camaron a-t-il été ton modèle ? Sinon, quels cantaores t'ont inspiré à part Camaron ?

Camaron pour moi il fait partie de l'ancienne génération, il a commencé à chanter avant que je naisse. Je l'ai écouté comme tout le monde, je pense que le passage par Camaron est obligatoire.
Je n'ai pas été inspiré par un chanteur en particulier, mais j'ai aimé beaucoup tout ce qui est traditionnel, ce qui était ancien, c'est à dire ce qui remonte aux années 25-30, quand les gens avaient faim. Et quand on a faim, on a envie de transmettre quelquechose qu'on a vécu. Ce message là jamais je ne pourrai le transmettre, car maintenant on a tout, on a la voiture, la maison, on ne peut pas chanter de la même manière.

Le cante flamenco demande beaucoup de souffle, fais-tu des exercices de respiration pour le développer, as-tu des trucs pour mieux chanter ?

Non, il n'y a pas de technique particulière, mais il ne faut pas forcer brutalement sur la voix, évidemment, et ça c'est valable pour tous les cantaores.

Ou puises-tu l'inspiration et l'énergie nécessaire lorsque tu dois exprimer à travers les différents cantes, la joie, la douleur, la tristesse ?

L'inspiration, ça dépend des jours, il y a des jours où on est inspiré et d'autres où on chante mal car on a reçu une mauvaise nouvelle par exemple.

As-tu un ou plusieurs types de cante favori ?

Mes types de cante favoris c'est por siguiriya où je me sens super bien, solea, buleria...tout est basé sur le même rythme, tout se ressemble, après c'est une histoire de vitesse, de sentiments, de savoir gérer la chose.

On t'a aperçu à Rousset lors la journée "Provence, Terre Gitane", notamment chanter por buleria a la fin du concert de Juan Carmona, c'est important pour toi de revendiquer ton appartenance à la communauté gitane ?

Pour moi c'est très important, oui, parce c'est la seule manière qu'on peut dire que l'on est gitan en chantant, et c'est la seule manière pour se faire respecter au niveau de la société. C'est pas qu'on est discriminés ni qu'il n'y a que des racistes dans la vie, mais c'est vrai que quand on dit le mot "gitan", on pense tout de suite au voleur de poules, moi je n'ai jamais rien volé de ma vie, ni moi ni ma famille, alors ce concept là...(cf article sur la journée Provence, Terre Gitane).

Ta famille vient d'Almeria, y retournes-tu souvent ? As-tu des relations avec les flamencos et les gitans de la-bas ?

Oui, il y a de la famille là-bas, mais je n'y retourne pas très souvent, parce je n'ai pas trop le temps non plus d'aller en Espagne, et si je prends le temps d'aller en Espagne, je vais à la conquête du flamenco. J'ai travaillé déjà avec les gens de là-bas : Carmen Linares, Paco de Lucia, Antonio El Pipa,Juana Amaya...et je connais une bonne partie des gitans de là-bas, bien sur.

Le dernier disque sur lequel tu as travaillé est je crois, "El Romancero Gitano" avec Vicente Pradal, as-tu le projet d'en enregistrer un à ton nom ?

Oui, je fais une apparition dans ce disque. J'aimerais faire un disque mais je ne me considère pas encore assez mur, peut-être dans quatre-cinq ans, l'avenir le dira.

Tu t'es produit dans beaucoup de pays étrangers, mais aujourd'hui on te voit plus en France, as-tu une tournée prévue ou d'autres projets ?

Non, je n'ai pas de tournée prévue, normalement je pars une fois par an aux Etats-Unis mais je n'ai rien de fixé pour l'instant. Sinon je vais participer prochainement à l'enregistrement de l'album de Jean-Baptiste Marino.

Merci Cristo d'avoir répondu à cette entrevista, nous nous retrouverons donc le 10 Juin pour le prochain stage de cante organisé par VAIVEN et L'ACFE. Remerciements à Antonio Ruiz et Serge Abramovicz qui ont parfaitement organisé ce stage, merci à Serge Abramovicz qui a pris les photos qui illustrent les questions, à Emad qui nous a accompagnés à la guitare flamenca, et à Patricia Ortega pour son accompagnement aux palmas et son accueil.


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flamenco-culture.com - Murielle Timsit - Le 22/04/2007