Démarrage en force de la 9ème semaine flamenca avec Alba Heredia

Rivesaltes le Festival d'Amor flamenco 2016 parie sur les médaillés

Alba Heredia

© Nathalie Goux

« En Estado Puro » son spectacle pourrait se traduire par « à l'Etat Brut » Brut comme un précieux diamant , faisant miroiter sous la gangue de la jeunesse et du formatage familial, mille promesses de limpidité et de splendeur.

A Grenade la tradition flamenca s'est forgée dans les grottes du Sacromonte où les gitans attiraient déjà les célèbres voyageurs romantiques au XIXème siècle, en forçant un tantinet le trait tant au niveau du costume que de l'expressivité. Cette attitude aguicheuse est devenu force de loi et les flamencos de « Graná » ne conçoivent plus leur art autrement que par la profusion, l'excès et la démesure.

Il n'est donc pas étonnant qu'Alba Heredia, petite dernière de la grande famille des Maya et gagnante du dernier prix « Desplante » à La Unión - ndlr : avant celui remporté par Belen Lopez le 13 août 2016 - , ait fait forte impression lundi soir sur le public de la salle des Dômes de Rivesaltes et suscité des commentaires enflammés : « es una fiera » c'est un fauve ! D'une beauté sculpturale, les traits taillés à la serpe, son interprétation de ce flamenco « orgánico » qui vient des entrailles s'apparente à certains moments à de la possession. Possédée par le chant de Joni Cortes et de Juan Angel Tirado tout juste parfaits, possédée par la somptueuse guitare de Manuel Fernandez, possédée à vingt et un ans et prête à dévorer le monde. Du « Granada » pur jus et comme toute bonne gitane ne se déplace pas sans sa famille elle avait invité sa mère Rafi Heredia pour un solo de chant, une zambra de très belle facture ainsi que son cousin Ivan Vargas. Ce magnifique bailaor, qui brûle les planches du monde entier, a gratifié le public sidéré d'une Alegría introduite par un morceau de bravoure aux pieds ... assis sur une chaise, en hommage à leur grand oncle et immense danseur Mario Maya.

Alba, douée d'un sens théâtral exceptionnel, rugissante, ondoyante, bondissante se livre entièrement por Seguiriya, por Tango ou por Soleá, son masque de déesse précolombienne torturé par la souffrance, la rage et la folie. De quoi secouer très fort le parterre et les gradins des Dômes en ce soir de 15 Août et déclarer ouverte la neuvième édition du Festival Semaine Flamenco de Rivesaltes. Y que viva Graná !


Dolores Triviño , le 16/08/2016

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