Sorderita

De l'héritage à l'avant-garde

Pour cette dernière journée du Festival Flamenco de Nîmes, la programmation était pour le moins éclectique. La soirée commença à 17h à l'Institut Emmanuel d'Alzon avec un artiste atypique issu d'une grande dynastie cantaora de Jerez, José Soto "Sorderita", le cadet des fils du grand Manuel Soto "Sordera de Jerez".

La venue de José Soto Barea "Sorderita" était l'une des propositions les plus audacieuses du festival Flamenco de Nîmes cette année. Inclassable et issu d'une dynastie dont son père Manuel Soto "Sordera de Jerez" disait qu'elle n'avait pas de fin, Sorderita est le plus jeune fils de la famille. Il n'a pas suivi le parcours de son père, ni celui de ses frères Enrique et Vicente, artistes reconnus qui ont emprunté la voie du cante, ni celle de son frère "El Bo", remarquable palmero. Non, Sorderita a tracé son propre chemin. Artiste atypique et polyfacétique, il compose, joue de la guitare, écrit. Fondateur du groupe de fusion "Ketama", il est aussi à l'origine du concept de "Nuevo Flamenco".

Pour ce concert acoustique, Sorderita était accompagné par le percussionniste de Jerez domicilié à Paris Isidoro Fernandez Roman, qui le suit aussi dans ses concerts en Espagne et apporte discrètement mais efficacement le compas nécessaire. Certes Sorderita comme il le reconnaît lui-même n'a pas une grande voix, mais il a bien d'autres atouts : le timbre, la créativité, les textes, et une capacité de transmission qui lui vient d'une sensibilité innée pour l'art flamenco, en somme une vraie personnalité. La guitare n'a pas de secret pour lui. Il a accompagné les plus grands du baile, mais aussi du cante, y compris Camaron de la Isla pour qui il a aussi écrit des letras. Le répertoire du cantautor pour le concert à l'Institut Emmanuel d'Alzon fut pour le moins varié : tonas marquées par le son métallique des percussions, siguiriya, soleares avec une intéressante apportation, puis alegrias à sa façon, fandangos de Huelva... on est dans le traditionnel mais avec des touches personnelles bien placées. Bulerias "Flores Blancas" qu'il avait réalisées avec Moraito, puis une excellente version des tangos de la Repompa "La madalena la tengo yo", des chansons de l'époque Ketama... et des letras qui racontent son histoire : "Mi padre es El Sordera, los dos somos gitanos de la calle nueva, del barrio de Santiago de Jerez de la frontera".

Une heure et quart de concert qui donne envie de réécouter Ketama et les Sordera. Si vous êtes à Jerez durant le festival, Sorderita sera en concert le 1er mars à 1h du matin à la Guarida del Angel, sympathique lieu proposant une intéressante programmation off, où il s'était déjà produit l'an dernier durant le festival.


Flamenco Culture, le 24/01/2015

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EQUIPE ARTISTIQUE:: Cante et guitare - José Soto "Sorderita"
:: Percussions (cajon, tinaja) - Isidoro Fernandez Roman

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