Après avoir partagé de nombreuses scènes de tablaos en Espagne, les deux bailaoras Carmen González et Alejandra Hernández seront réunies le samedi 19 février pour un spectacle dans une salle intimiste, à Toulouse. Rencontre avec deux artistes dont les parcours s’entremêlent depuis des années.
Dignité. Sensibilité. Passion. Beauté. Profondeur… Ce sont certainement des valeurs qui rassemblent Carmen González et Alejandra Hernández. La première, la Malagueña qui a tout donné pour la danse depuis son plus jeune âge. « Je me souviens encore des sensations que j’avais en montant sur scène quand j’avais 4 ou 5 ans : comment, à cette époque-là, cela pouvait déjà me plaire autant ? J’étais tellement petite ! Et puis à 12 ans, c’était décidé, je voulais faire ce métier », raconte Carmen, encore émerveillée par ce souvenir d’enfance.
Et la Mexicaine, téméraire, qui à peine âgée de 16 ans, a traversé l’Atlantique pour s’installer toute seule à Madrid et se donner à fond pour le flamenco. « C’est vrai qu’avec le recul je me dis que c’était de la folie, mais je l’ai fait. Et je pense que si j’ai pris cette décision, c’est parce que c’était mon destin ! », s’exclame aujourd’hui Alejandra Hernández.
Depuis quatre mois installée à Paris, aux côtés de son compagnon, le danseur espagnol José Maya, Alejandra Hernández va retrouver dans quelques jours sa grande amie, Carmen González. Les deux danseuses se produiront lors d’un tablao, le samedi 19 février, à Toulouse (1). Le duo s’est rencontré à Madrid, où il a partagé cours de danse et tablaos. « C’est Carmen la Talegona, grande danseuse originaire de Cordoba, qui nous a présentées », précise Alejandra. Et depuis, leurs chemins artistiques n’ont de cesse de s’entremêler. Aujourd’hui leurs horizons géographiques se sont éloignés, mais malgré la distance, l’amitié qui les unit et leur amour pour le flamenco les rapproche toujours autant. Les deux jeunes danseuses ont d’ailleurs de nombreux points communs. Le dernier en date : ce pont que chacune crée ou préserve à sa manière entre le Vieux Continent et le Nouveau Monde. Alors que Carmen González a découvert l’Amérique du Sud l’été dernier, pour une tournée en Argentine et au Chili, Alejandra Hernández reviendra dans quelques semaines sur sa terre mexicaine, dans sa région de Guadalajara, pour donner des cours de flamenco lors d’un stage. « Cela fait deux ans que je n’y suis pas allée et j’ai hâte de retrouver ma famille.»
Respectivement âgées de 29 et 30 ans, Alejandra et Carmen ont aussi cette même passion pour la soleá, ce palo qui les fait vibrer et qui revient invariablement dans leur vie artistique. « C’est le palo qui me correspond le plus, précise Alejandra. Dans lequel je me sens bien. Parce qu’il est calme, que l’on respire tranquillement. » Pour Carmen, danser une soleá est un moment émotionnellement très fort, « parce que j’ai une manière de danser très posée ».
Curieusement aussi, leurs sources d’inspiration ont des similitudes. Toutes les deux évoquent l’héritage de la danseuse Manuela Carrasco, et Carmen loue également l’art de Farruco, el abuelo : « J’apprends beaucoup des artistes d’autres générations et j’ai un profond respect pour leur art. Pour moi, c’est très important de connaître l’essence du flamenco. » « J’aime le style gitan, c’est une race forte, attachée à la terre », ajoute Alejandra. «C’est très important de se souvenir des grandes figures du flamenco. »
Deux grandes artistes pour rendre hommage à un art immense.
photo Alejandra Hernández ©Christian Bamale
(1) Tablao flamenco avec Carmen González et Alejandra Hernández au baile, Tony Hernández à la guitare et Cristo Cortés au chant, le samedi 19 février à 21 heures à l’Academia flamenca Anita, 82 route de Bayonne, à Toulouse (Purpan). Tarifs : 15 et 17 euros. Réservations : 05 62 12 43 31 et 06 10 52 77 23 ou sur contact@academia-flamenca-anita.com