Rafaela Carrasco avait été primée avec "Vamos al Tiroteo" en 2008 du Giraldillo de la meilleure danseuse à la Biennale de Séville où le spectacle avait aussi reçu le prix de la meilleure chorégraphie attribué par la presse. La création présentée en 2010 à Jerez avait été très bien reçue par le public. Il en fut de même à Nîmes où le public réserva une belle ovation à la danseuse sévillane qui met en scène les chansons populaires espagnoles du disque "Canciones populares españolas" enregistré en 1931 par Lorca et La Argentinita.
Inspirée du disque "Canciones populares españolas" enregistré en 1931 par Lorca et La Argentinita, la création de la compagnie Rafaela Carrasco remet au goût du jour ces chansons populaires qui font partie du patrimoine culturel espagnol, à travers des chorégraphies ingénieuses et un accompagnement musical d'exception. Chaque tableau, au nombre de douze, correspond à un titre de l'album. La représentation fluide fait alterner solos de Rafaela Carrasco, passages de chant et chorégraphies interprétées par les excellents danseurs de la compagnie, Ricardo Lopez, José Maldonado, Pedro Cordoba et David Coria. Gema Caballero chante le zorongo gitano accompagnée par le piano de Pablo Maldonado (dans l'oeuvre originale c'est Lorca lui-même qui accompagnait La Argentinita), puis Antonio Campos interprète Anda Jaleo sur une musique de petenera tandis que Rafaela Carrasco danse avec des castagnettes, en pantalon comme pour mieux affirmer la modernité de l'oeuvre. Une des scènes les plus surprenantes est l'interprétation par les danseurs d'une sévillane du XVIIème siècle, en bata de cola argentée et polo : une vision pour le moins saugrenue mais qui n'enlève en rien le talent d'exécution des protagonistes. Gema Caballero chante ensuite los cuatro muleros accompagnée au piano, avant deux pièces fabuleuses : le paso a dos de Rafaela Carrasco et David Coria accompagnés par la guitare de Cano, et surtout la nana du trio Antonio Campos, José Luis Lopez et Rafaela Carrasco, occupant la scène en diagonale, une chorégraphie dans laquelle Rafaela Carrasco fait montre d'une belle qualité expressive et d'une grande sensibilité. On retiendra aussi le baile aérien de la danseuse por tientos/tangos sur "Las morillas de Jaén", avec la guitare de Jesus Torres, le violoncelle de José Luis Lopez et le cante de Gema Caballero. La suite du spectacle était moins touchante, plus dans la performance, notamment pour ce qui est des chorégraphies masculines.
Malgré le travail monumental que l'on devine en amont de la création, l'ensemble, peut-être trop parfait esthétiquement, met le spectateur à distance et laisse peu de place à l'émotion.