Le récital de Jesús Méndez fut sans conteste le temps fort de la soirée du mercredi 19 janvier. Le jeune cantaor en vogue de la Plazuela dédia son récital à Moraito.
"Qui de mieux que son fils pour remplacer Moraito ?". Telle fut l'interrogation en forme d'affirmation de Jesus Mendez en présentant Diego del Morao qui remplaçait son père initialement prévu pour l'accompagner à la guitare lors de son récital au Théâtre de Nîmes. Pourtant le guitariste n'est pas un Moraito de substitution. Diego del Morao ne cherche pas à imiter son père, il s'est forgé un style très personnel bien différent de celui de son père, qui, disait-il le lendemain du concert lors de la rencontre au forum Fnac, ne lui a appris que deux falsetas dans sa vie, le reste ayant été acquis de la tradition orale.
Pour le compas, Jesus Mendez s'était entouré de l'inimitable paire de palmeros Luis et Ali de la Tota, reconnaissables de par leur physique hors du commun - haute stature, longs cheveux gris - et leur "guasa" permanente.
Après le solo introductif de Diego del Morao por buleria, le jeune cantaor de la Plazuela entama son récital par un registre festero - zambra "Solea de mis pesares", cantiñas de pinini, romera et alegrias de Cadiz - avant d'enchaîner par une malagueña de Chacon rematée por cantes abandolaos particulièrement réussie, très bien accompagnée par Diego del Morao, transition vers le cante jondo - solea apola, siguiriya et cabal - où le cantaor du quartier de San Miguel se trouva très "a gusto". La voix puissante de Jesus Mendez opta ensuite pour les fandangos et tonas, avant de conclure par la traditionnelle fin de fiesta por bulerias.
Absent physiquement de la représentation Moraito l'était bien spirituellement dans la pensée des spectateurs qui se rappelaient peut-être de ce fabuleux récital acoustique que lui et Jesus Mendez avaient réalisé au festival de Jerez en mars denier.