Le guitariste de Jerez Moraíto a offert au public nîmois dimanche en fin d'après-midi un magnifique récital de guitare flamenca.
Nous avions vu plusieurs fois Moraíto sur scène l'an dernier dans son spectacle "Al son de Moraíto", Mais le concert que le guitariste donna au Théâtre de Nîmes dimanche en fin d'après-midi fut particulièrement exceptionnel, et pour le public, et pour l'artiste qui n'avait pas joué sur scène depuis plusieurs mois.
Moraíto arrive sur scène, seul, et, toujours dans une attitude très humble, il salue le public venu l'applaudir. A côté de sa chaise, il y a deux micros, un pour la guitare, et un autre plus élevé qui lui permettra de communiquer avec les spectateurs durant le concert. Pour cette occasion spéciale, il a décidé de jouer avec la guitare de son père, et il se bat avec l'ancienne cejilla (capodastre) à vis qui lui joue des tours.
Le guitariste débute le concert comme à son habitude par une magnifique siguiriya rematée por cabal, avant d'être rejoint par Bernardo Parilla, Periquin, José Luis Navarro et Ignacio Cintado qui l'accompagnent sur la sevillana "Feria del caballo" de son album "Morao y Oro" (2003) puis sur la splendide Vals-Bulería "Mercado persa" issue du même album, qu'il dédie au père de José Cortés présent dans la salle ainsi qu'à sa famille. Jesus Mendez rejoint le cuadro pour interpréter sa traditionnelle solea por buleria - que Moraíto dédie cette fois à la Paquera de Jerez - y incluant une letra de solea de Jerez de Curro Frijones, avant d'enchaîner por alegrias et cantiñas de Pinini. Le cantaor reviendra un peu plus tard interpréter la tona de Chacon. Suivent d'autres thèmes ciselés par les doigts d'or de Morao : tanguillo, bulerias dédiées à Doctor Kelly et Pascal Ginac, et le fameux tango "Rocayisa". Sur la buleria qui conclut l'ultime rappel, Moraíto s'interrompt pour demander aux musiciens de se rapprocher pour faire les palmas. Jesus Mendez se lance dans le cante avec la salida caractéristique de sa tante, la Paquera. A noter que le cantaor sera en récital mercredi, accompagné par Diego del Morao, le fils de Moraíto, qui remplacera son père. Il en sera de même pour le forum Fnac et le spectacle "Mujerez".
Même si c'est Moraíto que les aficionados étaient venus écouter, il convient de saluer la formidable équipe de musiciens qui l'accompagnait, notamment Bernardo Parrilla dont le violon est indissociable de l'oeuvre de Moraíto.
Le concert de Moraíto à Nîmes restera gravé dans les mémoires comme l'un des meilleurs moments de sa carrière, mais aussi du festival dont il est jusqu'à présent le point culminant, autant du point de vue artistique qu'émotionnel.