La compagnie Al Badulake avait déjà fait forte impression avec son premier montage "Malaje", mais avec "Majaretas" (fous), elle va encore plus loin.
Vous vous êtes peut-être déjà posé la question : "Pourquoi Al Badulake ?". Eh bien la réponse n'est pas forcément évidente pour les spectateurs non assidus de la série américaine "Les Simpsons". En effet "Al Badulake" vient du nom du magasin que l'on trouve dans le dessin animé, qui signifie littéralement "Bazar", un endroit où l'on trouve de tout. Angeles Brea, une des fondatrices d'Al Baldulake explique "Nous avons choisi ce nom car comme dans un bazar, on trouve de tout dans nos spectacles".
Dynamisme, art et humour. Tels sont les qualificatifs qui viennent de prime abord à l'esprit de celles et ceux, petits et grands, ayant assisté à la représentation de "Majaretas", le spectacle présenté par la compagnie Al Badulake dans le cadre du cycle jeune public du Festival Flamenco de Nîmes, qui unit flamenco et cirque contemporain.
L'idée du spectacle "Majaretas" est née de la volonté de donner un coup de jeune à l'image poussiéreuse de l'Espagne des années 60, lorsque la poupée souvenir andalouse trônait au dessus de la télévision, et que l'image du christ faisait tapisserie. "Majaretas" réinvente l'histoire de ces personnages : La poupée figée se met à danser, le christ descend de sa croix et se livre à des acrobaties improbables... "Nous voulions enlever tout ce qui représentait cette époque qui fut très noire pour l'Espagne, en jouer" raconte Angeles Brea. D'autres personnages hauts en couleur complètent l'équipe qui évolue sur une scène dans la scène, en l'occurrence une télé géante qui occupe la partie gauche de l'espace scénique : l'artiste argentine Roxy à l'humour décapant, le chanteur/guitariste, le jongleur et enfin le percussionniste et le bassiste. Des tableaux particulièrement loufoques côtoient des moments plus sereins, notamment les fabuleux solos de l'acrobate Antonio Vargas Montiel qui avec ses bras aiguisés se déplace sur le mât chinois avec une facilité déconcertante, ou, chaussé cette fois de bras "Goldorakiens" se livre à un tour de force la tête en bas.
Un spectacle peut-être un peu trop long pour que l'attention du jeune public reste constante, et qui musicalement s'éloigne souvent du flamenco mais nous sommes indéniablement face à d'immenses artistes. Une délégation de la Junta de Extremadura - co-financeur du spectacle - menée par la Conseillère à la Culture Manuela Delgado Flores avait justement fait le déplacement depuis l'ouest de l'Espagne pour assister à la représentation.
A noter que la représentation a eu lieu sans la danseuse principale et fondatrice de la compagnie, Angeles Brea, qui s'est blessée au pied le 2 janvier dernier et doit poursuivre sa convalescence durant encore un mois.
Un peu plus tôt dans l'après-midi, quatre membres de la compagnie avaient dispensé un atelier pour enfants très efficace, inculquant en seulement une heure trois compas différents aux participants (tangos, alegrias et buleria) et un début de chorégraphie por Tangos. Le 12 temps fut enseigné de façon très ludique, sans compter, en chantant des mots de deux et trois syllabes correspondant aux temps, la dernière syllabe accentuée étant ce qu'on appelle généralement le "temps fort". Ainsi on pouvait entendre les enfants chanter en boucle "TangO, FlamencO, FlamencO, chachachA, chachachA" au lieu du traditionnel "Un Dos, Un Dos Tres, Cuatro Cinco Seis, Siete Ocho, Nueve Diez". Une façon amusante et redoutablement efficace pour faire rentrer le compas puisque chacun a pu suivre sans problème.