Le samedi 16 janvier avait lieu au bar du Théâtre de Nîmes à 11h30 une rencontre avec trois photographes de flamenco.

Le photographe américain Steve Kahn est à l'origine du concept de "Flamenco Project", un projet visant à réunir les archives des américains qui se sont rendus en Andalousie dans les années 70 et ont pris des photos, filmé ou enregistré des témoignages de cette époque. "The Flamenco Project" réunit 120 images d'amateurs, deux films et quatre enregistrements sonores. Ces documents ont une valeur historique et concernent en majorité des familles gitanes, pas seulement le flamenco. Ces familles ont beaucoup apprécié de voir leur vie réprésentée de façon artistique. Les expositions sont une façon de leur rendre ce qu'ils ont donné. Steve Kahn a passé du temps à Moron de la Frontera où il a bien connu Diego del Gastor. Il joue de la guitare mais ce qu'il préfère en tant qu'aficionado est le chant. Pour Steve Kahn, le flamenco a trois parties : la partie visuelle, la partie audio, et la performance artistique. C'est une perception d'ensemble, et la photo étant seulement une petite partie de cet ensemble, il ne trouve pas trop d'intérêt à faire des photos de spectacles.

Jean-Louis Duzert, photographe officiel du festival, a lui commencé comme photographe de presse et portraitiste avant de réaliser ses premières photos de flamenco lors du festival de Mont-de-Marsan : il est l'auteur de la photo de la main de Camaron, marquée de son célèbre tatouage qui représente une lune et une étoile de David. Jean-Louis Duzert n'arrive pas à choisir entre le noir et blanc et la couleur. Selon le photographe, la danse flamenca revêt une notion esthétique intéressante, mais c'est le cante qui est le plus difficile à photographier. Ne parlant pas espagnol, il cherche l'attitude qui va faire passer l'émotion. Il dit que de tout ce qu'il a connu, le flamenco est le plus difficile à photographier, car il y a trois facteurs à prendre en compte : la luminosité, l'emplacement et le mouvement. "Il faut anticiper en permanence".

Stéphane Barbier qui travaille au quotidien Le Midi Libre est arrivé au flamenco par la guitare, et a été immédiatement séduit par cet art, qu'il décrit comme un art sans fin. C'est le chant qui l'inspire le plus dans la photo. Il réalise des photos en noir et blanc car selon lui celà facilite la transmission des émotions, il y a moins d'interférences et l'image est plus lisible. Il ne retient pas d'artiste en particulier, car pour lui il s'agit avant tout d'émotions vécues. La vrai beauté de l'image selon Stéphane Barbier est la lutte contre le temps, le fait d'essayer de capter un instant éphémère qui nous rappelle la brièveté de notre propre vie.

Murielle Timsit