Pastora Galvan, soeur de et fille de... un statut lourd à porter, mais qui est plutôt un moteur pour la cadette des enfants Galvan, pour qui la volonté de s'affirmer est d'autant plus forte. L'héritage est là, mais elle se l'approprie de façon intelligente, sans mimétisme, développant sa propre personnalité.

On pensait avoir tout vu, tout dit, tout écrit sur ce spectacle. Des Festivals de Jerez à Mont-de-Marsan en passant par le Festival Flamenco de Séville, "Pastora" a en effet beaucoup voyagé durant l'année 2009. Il était donc logique de présenter la création à Nîmes, devant un public qui avait découvert la danseuse l'an dernier lors d'une soirée historique réunissant toute la famille Galvan sur scène, et était resté sur sa faim.

"Pastora" est un spectacle de flamenco traditionnel de petit format. Ramon Amador à la guitare et les voix de David Lagos et José Valencia accompagnent la danseuse sévillane dans un cuadro ayant pour objet de révéler qui est Pastora Galvan : une flamenca au caractère bien trempé dont les origines gitanes ressortent parfois, qui mêle l'avant-garde de son frère au baile traditionnel de son père, et s'ouvre à d'autres danses. La mise en scène d'une simplicité extême fait ressortir une volonté de spontanéité évidente, qui toutefois laisse peu de place à l'improvisation, les chorégraphies de la danseuse étant similaires à celles des représentations précédentes. On ne reviendra pas sur les qualités techniques et artistiques de la danseuse qui peut tout se permettre tant elle maîtrise les codes, et donne toute la mesure de son art dans les bailes festifs, alegrias, tangos (de la Repompa et del Titi) ou bulerias. La part faîte au cante, déjà bien intégré au baile de Pastora Galvan est prépondérante : martinetes durant lesquels Pastora frappe une enclume avec un marteau, solea de José Valencia, et surtout un sublime cante por malagueña et cantes abandolaos de David Lagos, qui déclenche des applaudissements à l'issue de certains tercios de la letra (une pratique rarement vue en France), provenant semble-t-il du maestro Fosforito présent dans la salle, un des plus grands spécialistes de ce type de chant. Lagos reviendra un peu plus tard por cantes mineros avec le même sens de la modulation.

En résumé une version plus courte que celle présentée à Mont-de-Marsan où José Galvan avait fait une apparition en artiste invité. Ce soir José Galvan qui dispensait une master class de baile était également présent, mais dans le public. Notons aussi l'absence remarquée de Bobote aux palmas.

Murielle Timsit