La journée du 18 janvier était consacrée à Israel Galvan, avec pour commencer une conférence de Corinne Frayssinet-Savy, anthropologue et ethnomusicologue nîmoise qui a publié récemment un ouvrage sur le danseur intitulé "Israel Galvan, Danser le silence". La conférence ayant pour titre "Israel Galvan, la danse en solo" mit en relief les modes de transmission de l'art flamenco, les segmentant en deux catégories distinctes : une transmission directe au sein de la famille ou dans les académies de danse par la relation maitre-élève, et une transmission indirecte par le biais de matériel audiovisuel. Corinne Frayssinet-Savy évoqua également la notion "d'écoute avertie et précise" de John Blacking dans "Le sens musical" (Editions de Minuit, 1980) : "dans les sociétés où la musique n’est pas écrite, l’écoute avertie et précise a autant d’importance et autant de valeur de mesure de l’aptitude musicale que l’exécution, car elle est le seul moyen d’assurer la continuité de la tradition musicale", et différencia le caractère spontané, familial et intime du baile, de celui de la danse. Dans la deuxième partie de la conférence, Corinne Frayssinet-Savy se pencha sur le travail des solistes de la danse flamenca qui ont précédé Galvan, Antonia Mercé et Vicente Escudero en tête puis analysa l'importance du silence dans le baile d'Israel Galvan. Pour la musicologue, la danse de Galvan, centrée sur l'énergie, part du silence et de l'immobilité pour reconquérir un espace de liberté. Galvan recentre la danse flamenca sur sa dimension musicale, et le corps comme objet sonore. La conférence fut ponctuée de nombreux extraits audiovisuels du propre danseur, depuis "Mira los zapatos rojos" (premier spectacle d'Israel Galvan) jusqu'à Arena en passant par Tabula Rasa, La Edad de Oro ou Metamorfosis, mais aussi d'images de Vicente Escudero, Carmen Amaya, Farruco...

En fin d'après-midi à 18h30, Georges Didi-Huberman et sa soeur Evelyne réalisèrent une lecture de passages du livre de Georges Didi-Huberman "Le danseur des solitudes", consacré à Israel Galvan. Georges Didi-Huberman insista sur la notion de fêlure de Gilles Deleuze, illustrant ses propos en parlant d'artistes fous comme Gabriel Macande, auteur du célèbre pregon, qui préféra continuer à vendre des caramels en Andalousie plutôt que d'aller gagner sa vie à Madrid, ou encore Nijinsky, auquel Israel Galvan est souvent comparé. La lecture s'acheva sur cette phrase poétique : "Galvan attrape le temps avec ses mains".

A 20h le cinéma Le Sémaphore projetait le documentaire "Israel Galvan, l'accent andalou". Diffusé sur la chaîne Arte en juillet dernier, ce reportage de 52 minutes permet de mieux comprendre le processus du création du danseur sévillan. On le voit par exemple expliquer le pourquoi du comment d'un mouvement, "essayer" les cercueils de sa dernière création, travailler avec les musiciens. Un film illustré par de nombreux extraits de spectacles, et dans lequel intervient le directeur artistique de la compagnie, Pedro G. Romero.

Murielle Timsit