Israel Galvan avait créé son spectacle "El final de este estado de cosas" en 2007. C'est une version "redux" qu'il a présentée au Théâtre de Nîmes dimanche en fin d'après-midi devant un public acquis à sa cause.

"El Final de ese estado de cosas redux" est une adaptation de l'Apocalypse selon Saint-Jean, texte biblique du nouveau testament. Le titre aurait été trouvé par la propre mère du danseur, Eugenia de Los Reyes, une fois la création terminée. Pour illustrer les propos issus du livre de l'Apocalypse, Israel Galvan puise sa gestuelle dans le flamenco, mais aussi dans les danses butho et contemporaine, voire les danses folkloriques comme la tarentelle. L'enchaînement de cette profusion de postures et mouvements crée une véritable langue des signes par laquelle Israel réécrit le texte avec une précision incroyable. Le sens du détail de Galvan va jusqu'aux entrées et sorties de scène recherchées qui constituent des éléments à part entière des chorégraphies. La musique flamenca est aussi variée que les postures du danseur. Certains styles choisis comme les saetas trouvent d'ailleurs leur origine dans les chants lithurgiques.

"El final de este estado de cosas" ne se raconte pas, il faut le voir pour comprendre la démarche artistique du danseur et de Pedro G.Romero, le directeur artistique de la compagnie, avec qui Israel Galvan travaille depuis plusieurs années et qui est pour beaucoup dans son évolution. Israel Galvan était accompagné sur scène d'une dizaine d'artistes : Juan José Amador et Inès Bacan au cante, Alfredo Lagos à la guitare, José Carrasco aux percussions, Bobote aux baile, cante et palmas, Eloisa Cantón au violon, et des musiciens de groupes de fusion "Orthodox" et "Proyecto Lorca" pour les sons plus "métalliques".

Le lendemain du spectacle, le baile d'Israel Galvan fut l'objet de conférences et lectures par des auteurs ayant écrit sur le danseur. Corinne Savy-Frayssinet qui a publié récemment le livre "Danser le silence" analysa le baile d'Israel Galvan, et George Didi-Hubermann accompagné de sa soeur fit une lecture commentée de son ouvrage "Le danseur des solitudes". Le soir, une projection du documentaire "Israel Galvan, l'accent andalou", diffusé sur la chaîne Arte en juillet dernier était projeté au cinéma Le Sémaphore.

Murielle Timsit