La direction artistique du Festival Flamenco de Nîmes a souvent propulsé sur le devant de la scène des artistes qui accompagnent le chant ou la danse. Ce fut le cas il y a deux ans avec David Palomar, l'an dernier avec Alfredo Lagos et Juan José Amador, et tout récemment avec Rafael Rodriguez en première partie d'El Cabrero. Le cantaor Antonio Campos qui a sorti il y a six mois son premier album "En directo, Corral del Carbon" en est lui aussi à ses débuts dans ce domaine, et il était particulièrement heureux que le festival ait fait appel à lui pour le seul concert acoustique de cante de la vingtième édition.

Le récital d'Antonio Campos, déplacé de La Cour d'Appel du Palais de Justice au Petit Temple pour des raisons administratives, fut à la hauteur de l'attente des aficionados au cante. Le chanteur de Grenade s'avança sur l'estrade du lieu de culte en interprétant un pregon de Macande, avant d'enchaîner, accompagné par la guitare de Dani de Moron, par des malagueñas et cantes abandolaos, une poignante série de soleares, une minera de La Union (de Pencho Cros) et le taranto de Fosforito, et un beau tientos/tangos de Cadiz avec des références à Chano Lobato, qui aurait néanmoins nécessité plus de retenue, pour conclure por tangos de Grana. Antonio Campos termina son récital par des cantes de fragua et une siguiriya rematée por cabales divinement interprétés. Le rappel insistant des spectateurs fit revenir le chanteur pour quelques romances por bulerias.

En résumé un récital quasi-parfait, avec pour seul bémol une qualité sonore perturbée par la trop forte résonnance de l'édifice. Un retour des concerts acoustiques à La Cour d'Appel l'an prochain serait bienvenu.

Murielle Timsit