Il y a vingt ans, le jeune nîmois Antonio Moya remportait le concours organisé par la ville de Nîmes. Aujourd'hui installé à Utrera, il demeure néanmoins une figure emblématique du festival auquel il participe chaque année. Après avoir présenté la veille des cantaores de qualité comme Rubio de Pruna, Tomas de Perrate ou Manuel Tañe et accompagné la grande Inés Bacan, Antonio Moya avait cette fois-ci choisi un plateau féminin pour son spectacle "A cinco voces", qu'il présentait pour la première fois en France.

Une équipe de choc, composée presque exclusivement de femmes. Au cante on retrouve les sévillanes Maria Vizarraga, La Tana et sa mère Herminia Borja, mais aussi la chanteuse d'Arcos Fabiola Perez, qui s'est souvent produite sur la scène de Planète Andalucia, et enfin Mari Peña, l'épouse d'Antonio Moya. Carmen Ledesma est la seule danseuse du groupe, mais on se rendra compte que chacune de ces cantaoras de poigne sait aussi mener la danse. Pour tenir le rythme effréné imposé par ce groupe de femmes déchaîné, une guitare ne suffit pas. Alors Antonio Moya a demandé à Dani de Moron de l'accompagner sur scène. Une guitare de poids, il en faut face à La Tana ou à la Fabiola qui ne ménagent pas leurs cordes vocales. La veille au soir, certaines sont même descendues en pyjama pour participer à la juerga qui avait lieu dans leur hotel. Chaque chanteuse trouva sa place durant le concert, tout d'abord dans l'interprétation d'un cante solo, puis une sortie por buleria (chant et danse), qui dura plus que de raison. En résumé une soirée du tonnerre. Mes voisines de table Rosario "La Tremendita" et Rocio Molina ne me contrediront pas.

Après le spectacle, il n'a pas fallu longtemps pour que l'ambiance reprenne. Mélangez des gitans de Marseille, de Lyon, des artistes de Séville, Madrid, Utrera, Arcos, Moron... et vous obtiendrez une juerga détonante qui tient jusqu'au lever du jour, au rythme de la buleria.
1 2 3 4 5... le compte est bon.

Murielle Timsit