José Maya, danseur attitré de Tomatito, s'était déjà produit sur la scène du Théâtre de Chaillot en 2008 avec le guitariste.
On l'avait aussi vu en 2008 et 2009 au Festival de Jerez, respectivement avec Farru et Barullo dans "Al Natural" et le sextet de Tomatito.
Mais c'était la première fois qu'il se produisait en solo sur une scène parisienne, celle du Casino de Paris. Très bien accompagné,
le bailaor s'est illustré dans deux bailes, le premier festero, et le deuxième por solea, entrecoupés de passages de cante orchestrés par
Antonio Ingueta et l'excellent David Maldonado.
Si un éclairage discret est propice à l'écoute du chant, ce n'est pas toujours le cas pour le baile. Effet voulu ou non, José Maya était parfois
invisible des spectateurs, tantôt dans l'ombre, tantôt dans la lumière. Celà créa un sentiment de rupture dans la danse de l'artiste dont les chorégraphies exécutées avec beaucoup d'art auraient mérité un meilleur éclairage.
On retiendra notamment la solea au cours de laquelle le danseur semblait véritablement habité par son baile et a transmis beaucoup d'émotion.
Une première partie réussie mais qui laisse un peu sur sa faim. A quand un spectacle entier avec José Maya ?
PLAT PRINCIPAL : LANGOUSTINE BRAISÉE À LA CUBAINE
Diego Ramón Jiménez Salazar, dit "El Cigala"... ce mot signifie langoustine en espagnol. Ce n'est pas très loin de Camaron (crevette), le mote (surnom)
du célèbre cantaor de San Fernando. Et le fait est que le cante du médiatique madrilène se rapproche également beaucoup de celui de son ainé.
Cependant Cigala, au travers des rencontres, a tracé son propre chemin en se rapprochant d'une culture pas si éloignée du monde gitan,
celle du peuble cubain. Il venait ce soir présenter son nouveau travail discographique, "Dos Lagrimas", en hommage à Tata Güines. Comme il le raconte
dans un entretien à Mondomix, dos lagrimas, ce sont deux larmes, l'une de tristesse suite à la disparition de Tata Güines, l'autre de joie d'avoir fait
ces belles rencontres avec Bebo Valdes et Tata Güines.
Un récital composé de titres de son album récemment sorti dans les bacs, qu'une bonne partie du public semblait déjà connaître. En effet,
quelques jours auparavant, la maison de disques du chanteur avait annoncé qu'elle mettait en téléchargement gratuit sur internet les
cinq meilleurs titres de la carrière du cantaor, ainsi que l'intégralité de sa discographie en écoute en streaming.
Un événement exceptionnel étant donné la conjoncture actuelle dans l'industrie du disque.
Une musique qui swingue, mais on regrette le manque d'originalité de la première partie du récital dans laquelle le répertoire est essentiellement
composé de reprises de standards arrangés à la sauce cubaine (historia de un amor) ou encore de refrains flamencos connus comme la buleria "Un compromiso" du groupe Son de la Frontera,
sur rythme de bolero, tango, rumba...
La deuxième partie est plus flamenca et comporte plusieurs titres de l'album "picasso en mis ojos", dont "La Paloma" et "Chanelando". Le cantaor interprète également le magnifique thème
"Dos gardenias". A noter la présence de l'excellent guitariste Diego del Morao dont la buleria a servi de transition vers une deuxième partie plus flamenca et a ravi les guitaristes
présents dans la salle.
Le dessert bien évidemment était un bras de gitan, levé en signe de salut par El Cigala.
En résumé un spectacle grand public, pas 100% flamenco mais avec une très bonne ambiance, où tout le petit monde du flamenco parisien
s'était donné rendez-vous, tout comme le réalisateur Tony Gatlif, qui avait fait appel à José Maya pour son spectacle musical
"Vertiges, du flamenco à la transe".
Le producteur du concert Romero Diaz a d'autres projets de spectacles en lien avec le monde du flamenco. A suivre...