©Muriel Mairet
Maria-José Perez : la fraîcheur d'Almeria
C'est à Jerez la veille de son concert que je rencontre la charmante Maria-José Perez. La toute jeune cantaora d'Almeria domiciliée à Grenade chantait en effet le lendemain au Palacio de Villavicencio lors d'un concert acoustique au cours duquel elle présenta des titres extraits de son album "Cante Flamenco", auquel ont participé les guitaristes Miguel Ochando et Gerardo Nuñez, ainsi que l'éminent José-Luis Ortiz Nuevo pour une partie des textes. Une très jolie rencontre.
Maria-José tu viens d'Almeria, quel est ton premier souvenir du flamenco ?
Mon premier souvenir c'est lorsque j'ai acheté ma première cassette dans une station-service, je m'en souviens avec beaucoup d'émotion car ça me rendait très d'heureuse d'avoir quelque chose de flamenco. A partir de ce moment j'ai commencé à écouter les chanteurs qui étaient sur cette cassette, il y avait Manuel Vallejo, Pepe Pinto, Pepe Marchena et Valderrama. J'étais toute petite et j'étais ravie d'avoir cette cassette.
Tu as de la famille dans le monde du flamenco il me semble...
La famille du côté de mère sont tous des aficionados au cante, ils chantent tous, mais seulement dans la famille. J'ai aussi une soeur qui est comme moi, qui commence, qui peu à peu avec du travail est en train de se faire une place. Mais il n'y a pas de grand artiste dans ma famille. Il y a seulement ma soeur et moi qui essayons de nous faire une petite place dans ce monde.
Tu as un site web depuis un an, le message que tu as mis en première page est très joli, c'est important pour toi d'être en contact avec les aficionados ?
Oui, pour moi c'est très important, car les aficionados sont ceux qui te mettent à la place qu'ils pensent que tu mérites. Les avoir comme amis est très important pour moi, j'ai beaucoup d'estime pour eux, et je suis toujours heureuse que les gens se mettent en contat avec moi par email. Je leur donne la possibilité et j'ai beaucoup de réponses de gens qui me suivent au jour le jour, me voient, lisent la presse sur moi. Je suis vraiment heureuse d'avoir ce site.
Y-a-t-il un palo qui te plaît plus que les autres ?
En fait j'aime tout, je ne peux pas dire "j'aime ça et j'aime moins ça", ce que je peux dire c'est "je pense que je chante mieux ça ou ça". Mais je n'ai pas de palo préféré. J'adore tout car chacun a une essence différente et il faut l'écouter, la nuancer, se l'approprier.
Chaque cante a sa spécificité, je me sens plus à l'aise dans les cantes de la partie orientale d'Andalousie car c'est là d'où je viens et où j'ai grandi. Ce sont des palos lents avec beaucoup de nuances, richissimes en termes de musicalité et j'ai beaucoup de plaisir à les interpréter. Mais je ne peux pas non plus écarter les tangos et bulerias car celà m'amuse, c'est un jeu entre toi et le public, un enchantement. Il y aussi la solea et la siguiriya, ce sont des palos très profonds et il faut les chanter avec le coeur et mettre tous tes sentiments dedans, ils sont plein d'émotion et de sentiments.
"Chaque palo a son essence"
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Que vas-tu chanter demain ?
C'est un secret ! Je vais chanter quelques titres de mon album qui s'appelle Cante Flamenco, et d'autres qui n'y sont pas. Mais je vais essayer de faire en sorte que le peu de cantes que je pourrai chanter, quatre ou cinq, soient interprétés de façon personnelle et montrent un peu la façon dont je chante : la particularité de ma voix, ma versatilité... J'essaierai de chanter les cantes qui me décrivent le mieux.
Sur mon disque "Cante Flamenco", il y a une alegria nouvelle qui est un mélange de plusieurs chants, la musique a été composée par Juan Mesa et la letra est de José-Luis Ortiz Nuevo. C'est une nouvelle alegria, qui a beaucoup de nuances, de profondeur, de tradition mais aussi énormément de nouveauté, il faut l'écouter. Moi j'adore. Les autres titres sont plus classiques : malagueña, granaina, tangos de Granada, taranto, cartagenera, buleria, siguiriya. Un répertoire de huit titres. J'espère que le public accueillera l'album à bras ouverts, l'écoutera, et qu'il lui plaira beaucoup.
"Mon album s'appelle Cante Flamenco"
©Murielle Timsit
Penses-tu que le fait d'avoir gagné des prix, par exemple au Concours de Cordoue ou au Festival de Lo Ferro a changé ta carrière ?
Les prix sont une étape par laquelle je pense qu'on doit passer car celà t'ouvre énormément de portes. Ce n'est pas parce que tu as gagné un prix qu'on va t'appeler pour faire trente galas, ce n'est pas ça, mais celà montre où démontre ce que tu vaux. C'est une reconnaissance au niveau des aficionados et au niveau médiatique.
Tu as travaillé avec Mario Maya, quels souvenirs gardes-tu de lui ?
J'ai travaillé avec Mario sur le spectacle Dialogo del Amargo, qu'il avait déjà fait auparavant et qu'il a remonté en 2005. Nous avons tourné deux ans avec ce spectacle : nous sommes allés à Grenade, Mont-de-Marsan, Madrid, Jerez, Séville, Cordoue...
Mario était une personne charmante, quelqu'un qui ouvrait la bouche et te donnait, mais pas seulement au niveau de la profession, avec son expérience il te transmettait beaucoup. Il essayait de te montrer le chemin à suivre. Au niveau professionnel c'est spectaculaire car il m'a transmis une discipline que je n'avais pas avant, une façon de voir les choses que je n'avais pas non plus avant, comment sentir le baile... Ce fut une véritable expérience que j'ai adorée. Je suis très contente d'avoir travaillé avec Mario. Le pauvre aujourd'hui ne peut plus le raconter mais je crois qu'il était aussi fier d'avoir travaillé avec l'équipe que nous formions ensemble. C'était une personne irremplaçable que j'appréciais énormément et je me souviendrai de lui toute ma vie.
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