Leonor Leal, une personnalité hors du commun
C'est un samedi soir de novembre, après son stage et le lendemain de son passage à la Maison des Cultures du Monde dans le cadre du festival Larachi Flamenca que Leonor Leal, "Leo" pour les intimes, nous fait l'honneur de nous accorder un long et intéressant entretien dans lequel elle se livre beaucoup. En voici la première partie...
De quelle ville es-tu originaire, Jerez ?
Oui, je suis de Jerez. En réalité, je viens d'Estrellas de Marquez, un village qui se trouve en dehors de Jerez, à environ cinq kilomètres. J'allais tous les jours en bus à Jerez, jusqu'à ce qu'à l'âge de 18 ans j'aille vivre à Séville. Et depuis je vis là-bas.
Tu as commencé la danse classique et espagnole à l'âge de neuf ans, comment as-tu pris cette decision ? Et comment es-tu arrivée au flamenco ?
Ce fût très étrange. C'était quand j'avais environ 17-18 ans, je dansais déjà depuis un moment, environ neuf ans, et je fis un stage de ballet classique à Madrid, en été, dans une école professionnelle de ballet. Là-bas, je me suis rendu compte que je voulais continuer à danser, mais pas dans le ballet classique. Je ne sais pas comment ça m'est apparu aussi clairement. J'imagine que c'est par rapport aux gens que je vis, le niveau... le niveau en fait ne me faisait pas peur, mais je me suis rendu compte qu'il y avait beaucoup de choses dans le ballet qui pouvaient être des limites, comme par exemple une esthétique très déterminée, et que si je ne l'avais pas je ne pourrais jamais danser. Alors je décidai que je ne pouvais pas continuer dans cette voie. Ca ne m'a pas fait de peine ni rien. Je garde le ballet en moi, mais il n'y a pas de problème, je vais de l'avant.
Quel serait ton premier souvenir de classe à l'école ?
Mon premier souvenir, c'est la façon dont j'étais habillée. Ma mère m'habillait entièrement en rouge. Je prenais l'autobus avec ma soeur, et j'allais à l'école tout en rouge.
Tu as des diplômes pour enseigner. Celui du Conservatoire de Danse de Seville et celui de la Royal Academy of Dancing. Ce diplôme est anglais ?
Oui, c'est un diplôme anglais qui existe dans le monde du ballet classique. C'est un titre assez universel. A un moment j'avais un niveau beaucoup plus haut que le conservatoire de danse d'Espagne, alors ma professeur nous faisait suivre les deux cursus.
"Il ne manque rien au flamenco"
As-tu des frères et soeurs ?
J'en ai deux. Je suis la plus petite. J'ai un frère qui ne travaille pas du tout dans ce domaine, et une soeur, qui a commencé à danser avec moi.
As-tu de la famille dans le monde du flamenco ?
Pas du tout ! Personne. En plus ils n'aiment pas ça. C'est curieux, mais chez moi... Ma mère vient du nord de l'Espagne, alors pour elle le flamenco c'est comme pour n'importe quel étranger. Cela t'interpelle mais tu ne comprends pas très bien ce dont il s'agit. Cela ne fait pas partie de ta culture. Mon père est andalou mais il n'aime pas ça du tout. Quand on était petits il nous demandait d'éteindre la télévision quand il y avait du flamenco. Ce n'était donc pas quelque chose de familier à la maison. Culturellement si car il y avait du flamenco dans la ville, à l'école... mais pas à la maison.
Comment ta famille a-t-elle suivi les débuts de ta carrière professionnelle ?
Au début ils ne lui accordaient pas d'importance, car ils pensaient que je finirais par faire autre chose. Ils m'ont toujours soutenue dans la danse mais sans penser que j'en ferais mon métier. Il me disaient toujours « tu dois étudier, tu dois faire carrière ». Et ensuite petit à petit, lorsque j'ai commencé à gagner ma vie avec le flamenco, les choses ont changé. Alors mon père me disait « Fais attention, ne va pas te faire une entorse...» et ils l'acceptent de plus en plus.
Comment ta famille voit-elle ton parcours jusqu'à aujourd'hui ?
Je ne sais pas exactement ce qu'ils pensent. Par exemple mon frère me fait rire, il me dit que je suis jeune et que je peux encore changer de profession, ce sont des bêtises...
Penses-tu avoir grandi avec le flamenco ou bien que le flamenco t'a fait grandir ? Crois-tu avoir mûri plus rapidement que les autres enfants de ton âge ?
Je pense que j'ai mûri enfant avec le ballet, car j'ai commencé le flamenco plus tard, vers 18 ans. Mais je continue à apprendre du flamenco. C'est comme une découverte continue. Si je n'avais pas choisi le flamenco, j'aurais choisi quelque chose qui m'apporte autant, mais le flamenco était là et voilà. Si j'étais née à Paris ça aurait été autre chose. C'est plus un besoin intérieur qu'une chose qui arrive par hasard.
Tu as travaillé avec Manolo MARIN, Pilar ORTEGA, Carmen MONTIEL, Pepa CORAL, la famille GALVAN, Angelita GOMEZ, LA CHIQUI, Mercedes RUIZ, Andrés PEÑA, Maria Del Mar MORENO, Ana Maria LOPEZ, Andrés MARIN... T'ont-ils transmis quelque chose de personnel ?
Chacun m'a apporté quelque chose. Mais il y en a certains qui m'ont plus marquée. Je pense beaucoup à Pepa CORAL car c'est une dame qui a beaucoup de tempérament, et en cours elle nous racontait beaucoup de choses de sa vie d'artiste à travers le monde. Elle disait toujours qu'à partir du moment où tu te relâches et arrêtes de lutter, que tu penses que tu sais déjà tout, on vient te manger. C'était sa phrase.
Cette phrase m'est restée car elle est très expressive.
Chacun m'a transmis quelque chose mais celui auquel je m'identifie le plus parmi tout ceux que j'ai connus c'est peut-être Andrés MARIN car c'est quelqu'un que j'admire beaucoup et qui a une vision du flamenco que j'adore, car très personnelle. C'est un chercheur-né et un artiste très créatif. Je parle beaucoup avec lui et il m'apporte chaque jour. Je travaille dans son école à Séville. Chaque jour je le vois, nous parlons de quelque chose, nous commentons un spectacle, une information, n'importe quoi...et j'apprends beaucoup de lui et de la force qu'il a. Il y a une phrase qui est typique en Andalousie, pas seulement d'Andrés, mais qui attire mon attention car Andrés l'emploie souvent, c'est «En mi hambre solo mando yo» ( «C'est moi qui commande ma faim»). Ce qui veut dire «Je ferai seulement ce qui me plaît, je travaillerai ce que je sens réellement, et si je meurs de faim, c'est de ma faute, pas car je danse ce que tu me demandes pour pouvoir travailler dans ton théâtre. Je danse ce qui me plaît vraiment, car je suis maître des désirs de ma vie ». Je pense que c'est important, ne faire de concessions à personne pour arriver à travailler, mais lutter, lutter. C'est plus difficile que pour les autres, mais au final cela donne un meilleur résultat. Et Andrés me dit toujours «Leo, en mi hambre mando yo, et après tout ça ne va pas si mal ».
Nb : cette expression vient de la guerre civile lorsque certains refusaient de vendre leurs votes.
Les danseurs qui veulent devenir professionnels finissent souvent à Madrid pour suivre les maîtres et plus tard tenter leur chance dans les castings des compagnies. As-tu suivi ce chemin ?
Non, je n'ai jamais étudié le flamenco à Madrid. Je reste à Séville, entre Jerez et Séville. Car je n'en ressens pas le besoin. J'ai déjà tellement à apprendre entre Jerez et Séville. Je n'écarte pas cette idée, mais j'ai déjà tout à côté alors je ne pense pas à aller à Madrid.
Ta première compagnie fût celle d'Antonio EL PIPA, avec le spectacle “De cai, el baile”, que s'est-il passé dans ta tête lors du premier spectacle ? Quels sont tes souvenirs de cette époque ?
Je me souviens que je marchais dans la rue à Triana, et mon téléphone a sonné. Au bout du fil un homme me dit «Allô bonjour, Leonor Leal ? c'est Antonio EL PIPA». Et je me dis «Mais qu'est-ce que c'est que ça ?». Pour moi ce fût une telle surprise ! Il m'expliqua qu'il souhaitait m'engager dans sa compagnie... Je me rappelle très bien ce que j'ai pensé à cet instant «Cet homme est fou, il ne sait pas ce qu'il fait !». cela faisait un an et demi que j'avais commencé le flamenco. Il m'avait connue à un stage que j'avais suivi avec lui. Je ne m'étais rendû compte de rien. Je ne sais pas, peut-être qu'il avait remarqué quelque chose chez moi. Il disait qu'il aimait beaucoup mes bras. J'étais très jeune et innocente. Ensuite le temps a passé et au moment où il a monté son spectacle il s'est souvenu de moi.
Alors pour moi ce fût un grand choc car je commençais à prendre conscience de la façon dont allaient évoluer les choses. J'ai vécu des moments très difficiles car cela nécessitait un niveau que je n'avais pas. Mais il voulait que je fasse partie de sa compagnie. Je le remercie car ce fût une grande opportunité, et je le remercierai toujours, car ça m'a fait progresser très rapidement. Mais ce fût un choc si fort que je pleurais, je pleurais, je pleurais... Après les premiers spectacles je n'arrêtais pas de pleurer car je voyais que je ne savais pas bien faire les choses. On me demandait d'improviser por bulerias lors des fins de fiestas, et je me plantais, je sortais du compas, je le faisais mal. Et lui me soutenait beaucoup, il me disait «Tu improvises, tu improvises !». Et je répondais «Mais comment vais-je improviser c'est impossible, je ne connais rien ! »
Et je l'ai mal vécu, mais en même temps il m'a beaucoup soutenue et s'est comporté avec moi de façon géniale.
Plus tard, tu reviens dans la même compagnie avec “Vivencias”, que t'ont enseigné ces expériences ?
Vivencias est un spectacle très connu. J'imagine qu'il y a eu une tournée importante ici en France, car cela fait plusieurs années qu'il tourne avec ce spectacle à travers le monde et ça a eu énormément de succès. Je l'ai repris avec lui plusieurs années après, avec d'autres personnes. Ce n'est pas un spectacle qui s'est monté avec moi, je m'y suis incorporée lors de la reprise. Je comprends exactement pourquoi ce spectacle a eu autant de succès. Ce spectacle était très familial, très tendre, il y avait sa tante, sa mère... Il était très vrai, une chose qui ne se faisait pas à l'époque. Il n'y avait rien de similaire à ce moment là sur scène. Cette tante dans la maison de quelqu'un lors d'une zambomba à Jerez, dans une fête familiale... Ce qu'il a fait, c'est apporter cette ambiance familiale sur scène.
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Tu as travaillé dans beaucoup de compagnies et avec de nombreux danseurs. La Compagnie d'Andrés MARIN, de Mercedes RUIZ, Javier BARON, le Ballet Flamenco de Andalucia sous la direction de Cristina Hoyos... que t'ont enseigné ces expériences ?
Quand tu travailles dans une compagnie, la première chose que l'on t'enseigne c'est travailler en groupe, car tu dois partager l'espace, toujours faire attention de ne déranger personne, et en même temps rester à ta place. C'est un travail intéressant, mais en ce moment ça ne m'intéresse pas s'il y a trop de monde, ça m'intéresse si ce sont de petites compagnies. Car quand il y a beaucoup de monde sur scène dans le corps de ballet tu deviens un objet qui va d'un endroit à un autre et forme partie de ce groupe. C'est aussi important de l'apprendre, mais moi en ce moment ce qui m'intéresse c'est de faire partie d'un groupe plus petit, ou j'ai plus de responsabilités.
Tu danses aussi à la Casa de la Memoria à Séville, quel est le type de scène que tu préfères ? le tablao, le théâtre, le théatre de plein air ou la rue ?
En réalité je préfère les théâtres, c'est ce qui me convient le mieux. Cependant il y a des tablaos dans lesquels je me sens bien comme La Casa de La Memoria où l'ambiance est très intime, il y a beaucoup de respect, de silence, c'est très accueillant, joli, et chaque jour tu travailles avec des artistes différents, ce qui rend les choses très vivantes, c'est bien. Mais un tablao où tu retrouves chaque soir les mêmes personnes ça devient la routine, et ça ne me plaît pas. J'aime travailler dans les tablaos mais seulement pour une courte période.
Quelle est la différence entre travailler comme soliste et au sein d'une compagnie ?
Un peu ce que j'ai dit avant. Quand tu danses en groupe c'est bien car ça te fait prendre conscience de certaines choses, cela t'aide à être tolérant, à travailler en équipe... ce sont des valeurs de camaraderie, d'amitié, de partage avec les autres, aussi bien sur scène qu'en dehors. Ca c'est l'aspect positif.
Cependant, quand tu travailles comme soliste c'est une recherche plus personnelle, et plus intérieure, dans laquelle tu es seul mais dont le fruit est plus personnel aussi car tu fais tout toi-même. Ton travail est ta création à toi. Si tu fais partie d'une compagnie les créations sont celles d'autres personnes. Dans ce cas la seule chose à laquelle tu te consacres c'est interpréter ce qui est monté. Il y a des fois où tu sens très bien, et d'autres où tu ne t'identifies pas, il y a deux facettes. De toute façon, il est intéressant de travailler dans tout, tu ne peux pas choisir entre les deux. Mais en ce moment je préfère travailler seule. Je me sens bien avec les musiciens et avec ma recherche personnelle et pour l'instant j'ai envie de m'y consacrer.
Le flamenco évolue avec le temps et la nouvelle génération d'artistes. Comment le vois-tu dans dix ans ?
Dans 10 ans ? Je n'en ai aucune idée...Je n'en sais rien... je ne sais pas ce qui peut arriver...
J'imagine, ou je veux imaginer, que les gens se libèrent de tous les clichés. C'est la voie que j'essaye de suivre, me libérer du stéréotype du flamenco sans perdre le respect de la tradition, ça c'est pour le moins mon chemin à moi. Je ne sais pas ce qui va se passer pour le flamenco ni pour les autres, je n'en ai aucune idée.
Ca fonctionne par cycle : à chaque cycle tout se renouvelle, il y a une étape où tout se fige, où tout le monde veut rappeler le passé. Soudain vient une autre étape où tout le monde veut innover et fait des choses totalement différentes, c'est pour ça que je n'ai aucune idée de qui peut arriver dans dix ans.
Que penses-tu qu'il manque au flamenco par dessus tout ?
Je ne sais pas ce qu'il peut lui manquer. Comme art, je pense qu'il ne lui manque rien. C'est un art très complet, et de mon point de vue, très personnel. S'il manque quelque chose, c'est la reconnaissance des gens qui n'ont pas assez d'ouverture d'esprit vis-à-vis de cet art. Ca ne me pose pas de problème, car c'est un problème qui concerne ceux qui ne veulent pas partager avec toi.
Petit à petit les choses sont en train de changer. Ces dernières années, comme il y a eu beaucoup de succès à l'étranger, de plus en plus d'espagnols prennent conscience de sa valeur. Ce n'est plus une minorité aussi petite qu'avant. Si les étrangers aiment tellement cela c'est pour une bonne raison.
Cependant il y a beaucoup de gens qui n'aiment pas ça, et il faut respecter leur opinion.
Comment ressens-tu le monde de la critique ?
Ce sont mes premières expériences de critiques qui me sont directement destinées. Car jusqu'à présent j'ai travaillé dans des compagnies où je faisais ce que l'on me demandait. Si le spectacle ne fonctionnait pas, je me sentais mal, mais ce n'était pas moi qui portait la responsabilité sur mes épaules.
Alors, maintenant que je commence à danser seule et monter mes propres spectacles, c'est le début de l'expérience de la critique pour moi.
Et la première conclusion que j'en tire, c'est qu'il faut être totalement au dessus de toutes les critiques, tant les bonnes que les mauvaises.
Celle qui sait le mieux si quelque chose est bien ou mal, ou encore s'il manque quelque chose, c'est moi. Ce sont des opinions que je lis et que je respecte, mais sans plus. C'est la conclusion à laquelle je suis arrivée, car il y autant d'opinions que de personnes, tous les goûts sont dans la nature. Evidemment c'est important pour un artiste de tenir compte des goûts du public, mais je ne pense pas que le secret soit de chercher à plaire à tout le monde, il faut se sentir bien et être vrai dans ce que l'on donne.
Je demande à Leonor si elle a lu la lettre d'Enrique MORENTE au critique Manuel MARTIN MARTIN et elle me répond que oui, parfois il faut prendre la peine de répondre aux journalistes, mais que peut-être serait-il encore mieux de ne pas avoir réagi.
Pour certains, il existe une différence entre le flamenco et le flamenco puro, comment comprends-tu ce message ?
Je dis toujours la même chose : les gens qui ont le temps de coller des étiquettes sur tout, qu'ils s'y consacrent...moi je n'ai pas pas de temps à y consacrer, je ne perdrai pas mon temps à me demander « Ca c'est puro, puro, puro, et ça c'est moins puro... ». Je ne perdrai pas de temps à faire ça, jamais.
Comment définirais-tu la personnalité de ton flamenco, a-t-elle évolué au long de ton parcours ?
Heureusement qu'elle a évolué ! Mais maintenant, je me sens encore comme une adolescente, qui n'est pas encore formée, qui est entre femme et enfant. Je me sens ainsi, et c'est une situation un peu inconfortable.
Il y a cette confusion de vouloir quelque chose, mais d'être en période de recherche, de transition...
Le tablao voulait te transformer, raconte-nous...
Cette expérience m'est arrivée au tablao mais aussi au sein d'une compagnie. Les gens qui font partie d'un groupe depuis longtemps dans un tablao ont une façon de danser, de se vêtir... Alors il m'est arrivé plusieurs fois en arrivant dans cet endroit, que toutes les filles veuillent m'aider à bien me coiffer, à m'habiller comme doit le faire une flamenca, à mettre la fleur comme on doit la mettre... Il y a donc une ambiance spéciale, car tu sens que ceux qu'ils veulent c'est ça, c'est cette image. Car ils croient que c'est cette image qu'il doivent donner, et de plus que c'est cette image que recherchent les étrangers.
Alors pour moi c'est très bizarre, car on a toujours essayé de me montrer comment me coiffer, à mettre le manton comme il faut, disons à me transformer. Parfois j'ai remercié ces gestes, car c'était tendre aussi, j'ai des collègues qui me l'ont dit de façon très affectueuse, très aimable, mais quand je rentrais chez moi j'étais triste, car ce n'était pas ma place, ce n'était ni ma façon d'être ni mon chemin. Alors jusqu'à ce que je me rende compte que je n'avais rien à faire là-bas, ça a été un peu douloureux. Tu ne te sens pas bien là-bas, tu n'appartiens pas à tout ça, et donc tu ne te sens pas acceptée. Les gens te perçoivent comme une menace car tu es différente, et tu ne sais pas comment ça se fait, alors ça te donne un sentiment d'infériorité. Pour moi qui commençait c'était difficile.
"J'ai toujours aimé les cheveux courts"
Tu as coupé tes cheveux, c'est la première fois que je vois une danseuse avec les cheveux courts... pourquoi l'as-tu fait ?
Précisément par rapport à ce dont nous étions en train de parler, à cause du cliché de la bailaora de flamenco. Pourquoi devrais-je porter un chignon si je n'aime pas ça ? Si je ne me sens pas bien avec, pourquoi devrais-je le faire ? J'ai toujours aimé les cheveux courts, et je n'ai jamais pu le faire car pour tourner avec la compagnie il fallait avoir les cheveux longs. Maintenant j'accorde moins d'importance à cela, j'écoute ce qui me plaît vraiment, ce dont j'ai envie. J'aimais cette image, et en réalité c'est la première fois ici à Paris que je danse avec les cheveux courts, car je les ai coupés il y a environ un mois. C'est la première fois que j'essaye ici et je me suis sentie très bien. C'est une image totalement différente, mais dans laquelle je me reconnais plus qu'avant. Avant avec le chignon je me sentais vieille. Quelque chose n'allait pas...c'était comme un déguisement, et maintenant j'ai dépassé cela.
Depuis Leonor a encore raccourci ses cheveux avec une coupe à la garçonne, puis les a de nouveau laissés pousser un peu
Remerciements à Leonor LEAL, et à Fanny qui nous a permis grâce à son hospitalité de réaliser cet entretien dans les meilleures conditions.
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