L'interview de la semaine 


 Catalina Gimenez : le flamenco sans frontières


Catalina, tu es chanteuse de flamenco, quand as-tu commencé et comment as-tu appris le cante flamenco ?

Je chante depuis l'enfance. J'appartiens à une grande dynastie de "joteros" (chant polyphonique de Navarra), je ne pouvais y échapper au grand désespoir d'ailleurs de mon père qui de par ses origines andalouses et le fait qu'il soit gitan, désespérait de me voir un jour me mettre au flamenco plus sérieusement. C'est ce que j'ai fait un peu plus tard. Très jeune, j'ai été admise dans les cercles fermés de joteros et je chantais pendant les fêtes de San Fermin (Pamplona) et les fêtes patronales du village de maman et des alentours. De toute façon lorsqu'on me voyait dans le coin et si c'était les fêtes, les gens me couraient après pour que je chante...Le chant, je l'ai appris seule, en écoutant et observant...

Qui sont tes cantaores et cantaoras favoris ?

Ceux que je préfère sont Manolo Caracol, Camaron de la Isla, Potito, La Susi. Et ensuite José Mercé, Terremoto de Jerez, Pansequito, La niña de los Peines, Paquera de Jerez.

As-tu des palos préférés ?

Je n'ai pas de palos préférés, j'aime tout dans le flamenco.

Tu es musicienne, sais-tu jouer de la guitare flamenca ? Si non quels instruments pratiques-tu ?

Je joue de la guitare depuis l'enfance mais pas du flamenco A dix ans, mon père m'a offert une guitare et une petite méthode de Dadi et il m'a dit : "tiens ta guitare... Apprends toute seule". C'est ce que j'ai fait. En Espagne (on n'y allait pas seulement pendant les vacances mais toutes les vacances et un week-end sur deux) avec les copines, on chantait et jouait de la guitare pendant la messe. Moi la messe je m'en tapais mais j'aimais chanter. Je me suis mise à l'accordéon chromatique. Je prends des cours avec un maestro d'ailleurs Danièle Pauly. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai toujours aimé cet instrument.

T'es-tu essayée au baile ?

J'ai dansé un temps et pris des cours.

Tu travailles presque exclusivement avec ton mari, Gonzalo Almaraz, envisagerais-tu de travailler avec un autre guitariste ? si non pourquoi ?

Pour ce qui est de travailler avec d'autres guitaristes, la réponse est pourquoi faire ? j'ai ce qu'il faut à la maison. Gonzalo est le guitariste qui a la plus longue expérience du flamenco et du métier. A 14 ans déjà, il bossait dans la compagnie de son père qui est chanteur. Aujourd'hui, il en a 46. C'est grâce à lui si je chante comme ça aujourd'hui. Il m'a ordonné de me mettre à l'étude des palos et d'écouter de vieux chanteurs. Sachant accompagner n'importe quel palo (ce qui n'est pas le cas d'un bon nombre d'autres guitaristes qui ont pourtant pignon sur rue !). C'est un mec simple et nature, il ne joue aucun personnage, il est lui-même. C'est un vrai artiste.


 


   

Tu as des racines gitanes, pourtant tu ne revendiques pas spécialement ton appartenance à la communauté gitane, pour quelle raison ?

Je ne me revendique pas spécialement du cru, ni ne mets en avant mes origines gitanes. Le seul gitan que je fréquentais était mon père. Pour ce qui est de sa famille à lui, c'était très très spécial. Lis ma nouvelle, tu verras j'en parle longuement...

On te sent très attirée par d'autres genres que le flamenco, penses-tu avoir fait le tour du flamenco traditionnel ?

Je suis aussi attirée par d'autres musiques. J'aime la musique tout simplement. Je n'ai pas fait le tour du flamenco, ni personne d'ailleurs.

Tu as été la première à enseigner le chant flamenco en France. Peux-tu nous raconter pourquoi et comment tu mis en place ces cours ?

Les gens me demandaient d'organiser des stages, d'ouvrir un cours. C'est ce que j'ai commencé à faire il y a dix ans. J'ai l'expérience de l'enseignement. J'ai été formatrice pendant de nombreuses années alors les entrées permanentes, les niveaux différents, je connais.

Quelle est ta méthode d'enseignement ?

J'ai une méthode propre... Je simplifie un maximum, je ne sacralise pas non plus la chose. J'oblige les gens à sentir et écouter. Ecoute, jusqu'à présent, on y arrive!

Tu organises un stage de cante flamenco début juillet, quel est le programme et à qui s'adresse ce stage ?

J'organise un stage d'une semaine en juillet du 2 au 6 juillet comme l'année dernière. Cet atelier d'été a remporté un vif succès alors cette année, on remet ça. Ce stage est ouvert à tous et à toutes.

Tu accompagnes régulièrement plusieurs cours et stages de baile avec maestria, tu aides les élèves danseurs ce qu'ils apprécient beaucoup, peux-tu nous raconter ton expérience ?

J'aime accompagner les stages et les cours de danse. Bien sûr, j'aide les élèves et je chante pour eux de la même façon que je le ferais pour un ou une pro. Ils ont assez de pression comme ça pour en rajouter une couche! Alors cet été, je remets ça avec gabriel Da Rocha, et comme d'habitude, je sens qu'on va se marrer.

Tu te consacres également à l'écriture, tu es très créative et as beaucoup d'imagination...d'où te vient ton inspiration ?

Et oui j'écris aussi. Mais ça, je le fais depuis longtemps déjà. J'ai écrit une nouvelle qui s'appelle "Exilés". J'avais trouvé des éditeurs intéressés mais quand j'ai compris qu'il fallait payer pour être édité, je l'ai fait à compte d'auteur. Il a remporté un vif intérét auprès des gens qui l'ont lu. C'est à la fois autobiographique mais beaucoup de mes personnages sont sortis de mon imaginaire. C'est un hommage à tous les réfugiés politiques et en particulier à mes grands-parents maternels, des exilés eux aussi... J'ai beaucoup d'imagination et j'ai gardé mon imaginaire d'enfant. Moi, il y a longtemps que j'ai refusé de grandir. Les adultes sont très chiants finalement.

Comment arrives-tu à combiner ton métier d'artiste et ton rôle de maman ?

Pour ce qui est d'Oscar, oui, j'arrive à combiner mon rôle de maman et d'artiste. Pas toujours facile mais Gonzalo et moi on y arrive. J'emmène mon fils souvent avec moi en répétition, à certains cours de danse... Il fait son show...

Tu présentes ton nouveau spectacle le 13 Juin à l'Archipel à Paris, "CATALINA GIMENEZ QUINTET", peux-tu nous parler de ce spectacle ?

A l'Archipel, je présente mes textes et mes compos. Il y aura quelques textes traditionnels mais la majorité c'est de moi.

J'ai fait appel à un flutiste et accordéoniste chilien Rodrigo GONZALEZ, comme ça il apporte une couleur un peu latino aux compos. Aurelia VIDAL est à la danse, comme d'habitude. Et puis aux percussions, j'ai appelé mon vieux pote de vingt ans avec qui je ne travaillais plus depuis plus de dis ans, Rémi LARMANDE. Et puis Gonzalo qui a bossé avec moi sur les compos.

Quels sont tes autres projets ?

Là je suis sur un projet , avec un collectif de musicos venus du monde du rap et de la musique assistée par ordinateur... A suivre.

Merci Cati d'avoir répondu à cette entrevista, bon spectacle à l'Archipel et bon stage de cante !


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flamenco-culture.com - Murielle Timsit - Le 24/05/2007