Quelles solutions préconises-tu pour améliorer la diffusion de la danse espagnole ?
J'essaierais de montrer aux organismes, surtout aux entités publiques qui sont celles les plus à même de la promouvoir, que la danse espagnole est un patrimoine, car c'est de là que vient le flamenco. Je pense qu'elles devraient investir plus dans la danse espagnole, parler plus de notre danse classique espagnole car nous sommes les seuls au monde à la danser. [...] Une façon de la promouvoir c'est de faire en sorte qu'on ne l'oublie pas. Antonio, Pilar Lopez, Greco, Manolo Vargas, tous apportaient la danse espagnole dans leurs spectacles, tout en restant pour la plupart flamencos. Cependant aujourd'hui le flamenco oublie complètement la danse classique espagnole, alors que la danse classique espagnole apporte toujours du flamenco ou invite un artiste pour une collaboration spéciale.[...] Même si on la connaît, il faut aider à ne pas oublier la danse espagnole, montrer ce qui se fait en Espagne, qu'il n'y a pas seulement le flamenco en Espagne, il y a aussi d'autres choses merveilleuses. Ensuite il faut qu'il y ait des gens qui veuillent travailler dur !
Souhaiterais-tu donner un stage ici à Jerez ?
Oui bien sûr, si j'avais l'occasion un jour oui. C'est vrai que c'est difficile parce qu'à ces dates-là je suis souvent en tournée en Italie avec la compagnie et il faut que je trouve le temps.
Le problème c'est qu'il n'y a pas non plus beaucoup de professeurs qui aient le niveau pour donner ce type de stage ici au Festival de Jerez. Nous avons Aida qui est une très grande danseuse (ndlr : Aida Gomez), Maribel Gallardo aussi. Ce sont des danseuses qui pourraient poursuivre le travail de Petit, du maestro Granero...Il faut des gens qui aient appris de ces personnes. Mais je suis ouvert pour contribuer à ce que tout celà perdure.
Tu tournes beaucoup en Italie, quand reviendras-tu en France ?
Je suis venu il y a quelques années à L'Opéra Bastille, nous avons eu beaucoup de succès. Mais c'est un problème d'impresario.
Certains d'entre eux ne se préoccupent pas de la qualité. C'est un problème de sensibilité. On ne peut pas traiter les artistes comme si on était...
En réalité il y a des impresarios car il y a des artistes. S'il n'y avait pas d'artistes, ils ne pourraient pas exercer leur profession. Alors ils doivent traiter les artistes avec toute la dignité et le respect qu'ils méritent. Ce qu'un impresario ne peut pas faire c'est vouloir être lui-même la star, avec tout le respect que j'ai pour les impresarios, il ne sont pas tous pareils, j'ai la chance d'en connaître qui sont différents, qui donnent la place qu'ils méritent à tous, ni plus ni moins, nous sommes tous des personnes.
Ce que nous ne pouvons pas faire c'est jouer avec le pouvoir. Par exemple "Je suis celui qui ouvre ces portes, et si je veux tu n'entres pas ici". Ils ne peuvent pas faire celà. Car ce qu'ils font, par exemple dans ton cas, c'est priver un public de voir une compagnie qui fait à travers le monde un travail merveilleux, qui vient depuis 6 ans au Festival de Jerez et a reçu quatre prix ici. Ils ne donnent pas la chance au public de voir que tout n'est pas flamenco, que le flamenco peut aussi se faire à la façon du ballet, que le classique espagnol triomphe. Je le dis avec beaucoup de respect, mais nous allons tous aux mêmes endroits, et je vois la répercussion qu'a la danse espagnole, c'est quelque chose de merveilleux.
Je pense qu'on ne peut pas se comporter ainsi, il faut donner sa chance à tout le monde, au fond nous devons chercher le mieux pour tous. Ce que tu vas chercher, c'est une compagnie qui ne te crée pas de problèmes, qui te donne du succès, qui te rapporte de l'argent, tout ça tu l'as... Mais ce que tu ne peux pas faire c'est jouer, jouer avec les gens...
"On ne peut pas jouer avec les gens"