Interview 

Alexis Lefèvre : violoniste hors-pair 

Alexis Lefèvre est devenu en quelques années un violoniste incontournable dans le monde du flamenco. Membre de la formation UHF, il est également très demandé par les artistes andalous. On l'a vu dernièrement aux côtés de Javier Baron lors du XIII° Festival de Jerez, et il a collaboré au dernier album de Vicente Amigo. Un musicien de talent dont la présence ne passe jamais inaperçue. Rencontre après son concert au Café Cantante à Mont-de-Marsan où il accompagnait Pedro Ricardo Miño.


Alexis, tu es né à Paris mais tu as grandi en Italie, pourquoi le violon ?

C'est venu comme ça tout seul, comme une inspiration. J'ai commencé à 13 ans mais je voulais jouer du violon depuis tout petit, seulement on n'avait pas les moyens d'avoir un violon. A 13 ans on m'a offert un violon et c'est là que j'ai commencé.

Viens-tu d'une famille de musiciens ?

Non, d'une famille d'artistes oui car ma mère est peintre, mais de musiciens non.

Comment s'est faîte ta rencontre avec le flamenco ?

Quand j'avais 13 ans on m'a offert une cassette de Paco de Lucia. C'est là que j'ai commencé à écouter la guitare flamenca et j'ai toujours eu l'idée de découvrir un peu l'Espagne et voir ce qu'il se passait là-bas avec le violon, et j'y suis allé il y a dix ans, j'avais 27 ans je crois.

Improvises-tu ?

J'improvise beaucoup. Par exemple dans ce concert il y avait des choses préparées mais en général je me lance dans l'improvisation, j'aime ça.

Parfois tu utilises ton violon comme une guitare aussi...

Je joue du violon comme ça car j'ai toujours aimé la guitare. Un jour j'étais en Argentine où j'ai aussi vécu, j'étais en train de jouer avec un groupe de folklore, et j'ai eu l'idée de prendre le violon et de commencer à jouer comme ça, car j'adore la guitare. Et quand je suis rentré dans le flamenco j'ai recommencé à jouer de cette façon, mais je n'ai jamais étudié cette manière de jouer, c'est venu tout seul.

Que penses-tu de la place grandissante qu'a prise le violon dans le flamenco ?

C'est intéressant. Le flamenco je pense est en train de s'enrichir tout doucement. Les gens veulent faire de la musique en fait. Et le violon a un peu enrichi le flamenco. C'est très intéressant comme forme d'expression. Ce n'est pas facile car il faut vraiment connaître, rentrer dedans.

Penses-tu comme la violoniste suisse Sophia Quarenghi que Parilla a ouvert la voie ?

Quand je suis venu ici je ne savais pas qu'il y avait Parrilla. Je pense qu'il a eu la chance de naître dans une famille flamenca, car il a vécu le flamenco je crois d'une autre façon, plus profonde. Moi je me suis lancé plus à l'instinct, j'ai joué à ma façon, j'ai fait mon style, j'ai vu qu'il y avait de la communication entre les musiciens.

Tu es un des violonistes les plus demandés par les artistes espagnols, comment expliques-tu ton succès ?

Je ne sais pas, c'est peut-être pour la communication. Quand je joue j'essaye de le faire avec mon coeur, peut-être que c'est ça car je crois que dans le flamenco il y a beaucoup de sentiment, alors si ça touche c'est qu'il y a quelque chose.

Continues-tu le classique ou tu ne fais que du flamenco ?

Pour l'instant je ne fais que du flamenco. Je compose aussi pour mon groupe, Ultra High Flamenco, on a fait un disque. C'est un peu ma façon d'apporter quelque chose au flamenco à travers ma musique.

Peux-tu me parler de ta collaboration à l'album de Vicente Amigo ?

Un jour il m'a appelé et m'a demandé "Tu veux venir dans un studio ? je suis en train d'enregistrer mon disque". Et quand j'y suis allé il m'a fait écouter tout son disque et voulait que j'enregistre avec lui. Pour moi c'était incroyable car en plus ça faisait longtemps que j'écoutais Vicente Amigo et que j'avais ses disques.

Quels sont tes projets ?

Pour l'instant je prépare le deuxième album de mon groupe Ultra High Flamenco (ndlr : formé avec José Quevedo "Bolita", Paquito Gonzalez et Pablo Martin). On est en train d'essayer d'avancer et de continuer tout doucement à travailler avec les artistes. Mais j'aimerais bien me consacrer pendant un moment à mon groupe aussi, pour découvrir autre chose.

"Le violon a enrichi
le flamenco" 


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flamenco-culture.com - Murielle Timsit - 07 Juillet 2009
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